La prochaine révolution informatique se portera sur notre nez. C'est la conviction de Snap, la maison mère de Snapchat, qui vient de confirmer le lancement de ses lunettes de réalité augmentée "Specs" pour le grand public en 2026. Alors que des géants comme Apple et Meta sont dans une course effrénée, Snap a choisi une approche radicalement différente : la patience. Dans un entretien, le responsable du projet, Scott Myers, a levé le voile sur une stratégie lente, collaborative, et centrée sur l'humain.

Quelle est la stratégie de Snap pour se différencier de Meta et Apple ?

La stratégie de Snap est aux antipodes de celle de ses concurrents. Pas de lancement précipité. L'entreprise a préféré prendre son temps. Depuis quatre ans, elle co-construit ses lunettes et son écosystème logiciel en travaillant main dans la main avec une communauté de plusieurs centaines de milliers de développeurs. Scott Myers, le vice-président en charge du matériel, insiste sur le fait que cette démarche est "très, très intentionnelle". L'idée n'est pas d'imposer un produit fini, mais de construire ce "nouveau paradigme informatique" avec ceux qui créeront les expériences de demain.

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À quoi ressembleront ces fameuses lunettes "Specs" ?

L'obsession de Snap est "l'acceptabilité sociale". Pour que la magie opère, il faut que les gens osent porter les lunettes. Elles seront donc "substantiellement plus petites" et plus légères que les prototypes actuels. Surtout, elles seront totalement autonomes : pas de fil qui dépasse, pas de boîtier déporté à la ceinture. L'objectif est de trouver l'équilibre parfait. "Vous pouvez faire un champ de vision géant", explique Scott Myers, "mais vous avez aussi besoin d'une très haute densité de pixels pour la lisibilité du texte". Il en va de même pour la batterie. Plutôt qu'une batterie énorme, Snap mise sur l'optimisation grâce à son propre système d'exploitation, Snap OS, pour une meilleure gestion de l'énergie.

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Quand pourra-t-on les acheter et à quel prix ?

Le lancement public est officiellement fixé pour le courant de l'année 2026. Concernant le prix, le mystère reste entier, mais Scott Myers a donné un indice de taille. Il se situera dans une fourchette très large : plus cher que les lunettes Ray-Ban Meta (environ 300 dollars), mais moins cher que l'Apple Vision Pro (3500 dollars). Il justifie ce positionnement par le fait que l'entreprise doit créer de nouvelles technologies et les capacités industrielles pour les produire, un défi coûteux pour toute l'industrie de la réalité augmentée.

Les réponses à vos questions

En quoi ces lunettes sont-elles différentes des Ray-Ban Meta ?

Les Ray-Ban Meta sont des "lunettes intelligentes" équipées d'une caméra et de haut-parleurs. Les Specs de Snap sont de vraies lunettes de "réalité augmentée" (AR). Leur technologie, basée sur des écrans "waveguide" transparents, permet de superposer des informations et des graphismes numériques directement sur notre vision du monde réel.

Quelle technologie est utilisée à l'intérieur ?

Snap mise sur une intégration verticale complète. L'entreprise conçoit son propre moteur optique, ses propres écrans, et son propre système d'exploitation, Snap OS. Ce dernier intègre des modèles d'intelligence artificielle d'OpenAI et de Google pour offrir une assistance contextuelle et personnalisée, tout en mettant l'accent sur la protection de la vie privée.

Qui est Scott Myers ?

C'est le vice-président de la division Matériel (Hardware) chez Snap. Ancien de l'industrie des smartphones, il est le grand architecte derrière la stratégie et la conception des produits physiques de l'entreprise, dont les différentes générations de lunettes Spectacles et les futures Specs.