Après neuf essais spectaculaires, parfois chaotiques, SpaceX s’apprête à remettre le couvert. Elon Musk a annoncé que le 10e vol test de Starship, son vaisseau géant censé ouvrir la voie vers Mars, pourrait avoir lieu dès les premières semaines d’août 2025.

Une échéance assez courte entre deux essais (le 9ème vol date de fin mai), qui illustre à la fois la détermination de la firme à accélérer le programme, et la confiance retrouvée après des essais aux résultats variables. Ce vol, le plus attendu depuis le début de l’année, pourrait bien jouer un rôle clef pour la suite du calendrier spatial de l’entreprise.

Un calendrier compressé et des objectifs clairs

Elon Musk l’a affirmé via une publication sur X : le prochain vol orbital de Starship est attendu dans environ trois semaines. À la loupe, cela nous mène tout droit vers un créneau de lancement autour du 5 ou 6 août, sous réserve de validation finale par la Federal Aviation Administration (FAA). 

Le timing est serré mais la firme d'Elon Musk dispose désormais d'autorisations permettant de réaliser jusqu'à 15 lancements de Starship dans l'année. Toutefois, l'explosion du vaisseau spatial prévu pour la 10ème mission lors de tests de mise à feu au sol a quelque peu compliqué le tableau.

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Explosion au sol de Starship en juin, une image que SpaceX veut faire oublier

L’heure reste à la consolidation des systèmes d’atterrissage et de dissipation thermique, deux éléments stratégiques pour les missions lunaires et martiennes envisagées.

Ce prochain test pourrait aussi servir à tester de nouveaux paramètres de récupération, indispensable à l’esprit de réutilisabilité central dans la vision portée par la firme d’Elon Musk.

Le modèle SpaceX s’appuie justement sur cette capacité à réutiliser les étages inférieurs comme supérieurs du vaisseau pour baisser considérablement les coûts de lancement.

Le vol 10 : de nouvelles attentes techniques

À l’approche de ce vol 10, plusieurs points techniques sont particulièrement scrutés. L’un d’eux concerne le comportement du système de séparation entre le booster Super Heavy et le second étage. L’un des défauts identifiés sur le vol précédent a été une séparation jugée trop lente et instable, avec un impact potentiel sur la trajectoire du vaisseau.

Aussi, les ingénieurs de SpaceX pourraient cette fois activer de nouveaux réglages logiciels, visant à simplifier les déclenchements en vol et améliorer la communication entre les segments de propulsion.

Le but étant d’approcher une configuration plus proche d’un profil de mission opérationnelle. D’autant que la NASA garde un œil attentif : c’est ce modèle qui doit servir de base, à terme, pour le module lunaire du programme Artemis.

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Par ailleurs, la société pourrait tester de nouvelles méthodes de manoeuvres en orbite pour préparer les étapes ultérieures de ravitaillement des fusées en orbite. Rien n’est officiellement confirmé, mais les spéculations abondent autour d’un vol plus long et plus ambitieux que les précédents.

Une cadence qui s’accélère, mais jusqu’où ?

Derrière tout cela se cache une logique assumée d’itération rapide. SpaceX cherche à multiplier les lancements pour identifier et résoudre les problèmes en conditions réelles. Un parti pris risqué, mais assumé, et qui a déjà prouvé son efficacité sur les programmes précédents comme Falcon 9. Ce 10e vol incarne parfaitement cette philosophie : tester plus, tester vite, tester intelligemment.

Ce qui intrigue aujourd’hui les observateurs, c’est à quelle vitesse la firme pourra évoluer vers des vols réguliers et entièrement réussis. La vision d’Elon Musk est limpide : faire de Starship une plateforme de lancement orbitale à bas coût, pilotée comme une flotte d’avions. Pour y parvenir, il faudra franchir le cap des centaines de vols.

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Cette dixième mission représente une étape symbolique. Elle marque le cap des deux chiffres, avec une récurrence jamais atteinte pour un vaisseau de cette taille. Si l'essai se déroule conformément aux attentes, cela pourrait renforcer la crédibilité du calendrier martien rêvé par Musk lui-même...et faire oublier les échecs des tentatives précédentes.

Certains analystes s'interrogent déjà sur le futur rôle de Starship dans le transport lourd, l’installation de stations en orbite terrestre basse et la conquête interplanétaire. Autant de domaines qui dépassent la seule exploration lunaire ou martienne, et qui ressemblent à une ambition radicale de reconfigurer l’accès à l’espace.

Un vol plus stratégique qu’il n’y paraît

Au fil des essais, Starship s’installe peu à peu dans le paysage spatial mondial. Pas encore opérationnel, certes, mais déjà positionné en prétendant sérieux à la succession des grands lanceurs historiques. Si le vol 10 tient ses promesses, il pourrait faire basculer SpaceX dans une nouvelle phase du programme : celle de la fiabilisation technique et de la planification commerciale.

Et à moyen terme ? La fenêtre d’un lancement habité, ou du premier vol vers la Lune ? Peut-être pas si lointaine. Mais chaque étape compte. Et celle du mois d’août s’annonce comme un moment charnière dans la course folle menée par Elon Musk pour s’ancrer durablement dans l’orbite haute — et bien au-delà.