Jusqu'à présent, un satellite en orbite basse était une machine isolée, ne pouvant communiquer avec le sol que lors de brèves fenêtres de passage au-dessus d'une station terrestre. Cette contrainte fondamentale est sur le point de voler en éclats.

La société californienne Muon Space vient d'annoncer qu'elle allait intégrer les terminaux de communication laser de Starlink à ses satellites, les transformant de facto en appareils connectés en permanence à une autoroute de l'information orbitale.

Comment cette connexion laser fonctionne-t-elle ?

L'accord est une première dans l'industrie. Le fabricant de satellites californien Muon Space va intégrer les "mini lasers" de SpaceX sur sa plateforme de satellites Halo. Ces terminaux optiques permettront aux satellites de Muon de se connecter directement au réseau maillé de milliers de satellites Starlink déjà en orbite, qui communiquent entre eux par laser.

Starlink V3 0

Au lieu de devoir attendre d'être à portée d'une station au sol, un satellite Halo pourra relayer ses données en temps réel via la constellation d'Elon Musk. Cette technologie offre des débits allant jusqu'à 25 Gbit/s sur des distances de 4 000 km, transformant chaque satellite d'un "véhicule isolé" en un "nœud actif" sur un réseau mondial.

Quel est le gain concret pour les missions spatiales ?

Le bénéfice le plus spectaculaire est la réduction drastique de la latence. Pour de nombreuses missions d'observation de la Terre, le temps nécessaire pour télécharger les données, qui se compte actuellement en dizaines de minutes (20 en moyenne), passera à du quasi-temps réel. Cette avancée est cruciale pour des applications critiques comme le projet FireSat, une constellation développée par Muon pour la détection des incendies de forêt. Avec une alerte quasi instantanée, les secours peuvent intervenir bien plus rapidement.

starlink-spacex

Au-delà de la latence, c'est la persistance de la connexion qui est transformée. Alors que les stations au sol n'offrent qu'une couverture de 10 à 30 %, le réseau Starlink promet une connectivité de 70 à 80 %, ouvrant la voie à un pilotage et à une collecte de données en continu.

Quelles sont les implications pour le futur de l'espace ?

Cette alliance ouvre la porte à ce que Muon Space appelle des "pipelines de classe data center" dans l'espace. Avec une telle bande passante disponible en permanence, il devient possible d'envisager du traitement de données directement en orbite, comme de l'inférence par IA ou de la fusion de données en temps réel, avant de n'envoyer que les informations pertinentes au sol.

Starlink photobomb

Dans cet environnement ultra-connecté, la question de la sécurité est primordiale. Muon assure que les communications via le réseau Starlink sont chiffrées de bout en bout et transitent dans des tunnels authentifiés, avec des clés ancrées dans le matériel. Le premier satellite Halo équipé de cette technologie devrait être lancé au premier trimestre 2027.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce qu'un "mini laser" Starlink ?

Il s'agit d'un terminal de communication optique (laser) compact conçu par SpaceX pour être monté sur des satellites. Il leur permet de se connecter au réseau maillé de la constellation Starlink, qui utilise des liaisons laser pour faire transiter les données entre les satellites à très haute vitesse.

Ce service sera-t-il exclusif à Muon Space ?

Non. SpaceX a annoncé en mars 2024 son intention de vendre ses terminaux laser à d'autres entreprises. Le développeur de stations spatiales commerciales Vast a par exemple déjà annoncé son intention de les intégrer à sa future station Haven-1.

Qu'est-ce que le projet FireSat ?

FireSat est un projet de constellation de satellites de surveillance développé par Muon Space en partenariat avec la fondation Earth Fire Alliance. Son objectif est de détecter les départs de feux de forêt sur Terre de manière quasi instantanée afin d'accélérer l'intervention des services d'urgence.