Cette percée s'appuie sur une technique au nom un peu barbare : la stimulation transcrânienne à bruit aléatoire (tRNS). Concrètement, c'est une méthode non invasive, tellement discrète que la plupart des 72 étudiants de l'Université d'Oxford participant à l'étude n'ont même pas senti la stimulation. Après une évaluation minutieuse de leurs aptitudes en mathématiques, ces jeunes ont reçu des impulsions ciblées sur des zones clés du cerveau, comme le cortex préfrontal dorsolatéral (dlPFC) ou le cortex pariétal postérieur (PPC), toutes deux connues pour leur rôle dans les fonctions mathématiques. Le but est limpide : sonder et optimiser la neurobiologie qui sous-tend notre capacité à apprendre.
Comment ces "chocs" électriques influencent-ils nos aptitudes en calcul ?
L'intuition des chercheurs était la bonne : stimuler le dlPFC devait améliorer le calcul, puisque cette zone est le quartier général de l'apprentissage de nouvelles compétences et de la cognition de haut niveau. Les faits leur ont donné raison : le dlPFC stimulé a bel et bien entraîné une nette amélioration des capacités de calcul. En revanche, le PPC, plus impliqué dans la récupération d'informations déjà mémorisées, n'a pas eu le même effet sur l'apprentissage par cœur. Mais là où l'étude frappe fort, c'est chez les participants aux connexions neurales plus faibles entre les lobes frontal et pariétal : c'est précisément chez eux que la stimulation du dlPFC a provoqué les progrès les plus spectaculaires. Certains ont même dépassé les scores de leurs camarades naturellement plus doués ! C'est une façon directe de renforcer des réseaux neuronaux qui en ont besoin.
Cette avancée est-elle déjà à portée de main du grand public ?
Les promesses sont réelles, mais attention à l'emballement. Roi Cohen Kadosh, qui a cofondé Cognite Neurotechnology, envisage avec optimisme une application plus large de cette technique, que ce soit à l'université, au travail, ou pour les personnes souffrant de troubles d'apprentissage comme le TDAH. Pourtant, Sung Joo Kim, psychologue à l'Université de Binghamton (non impliquée dans la recherche), insiste : il faut davantage d'études solides. Beaucoup d'appareils de stimulation cérébrale grand public actuels manquent cruellement de preuves scientifiques. Et puis, un défi de taille demeure : pour que cette technologie soit vraiment efficace et sûre, il faudra la personnaliser, c'est-à-dire l'adapter à la forme unique du cerveau de chaque individu.
Quels enjeux éthiques et quelles perspectives pour l'avenir ?
L'émergence de ces technologies pose évidemment des questions éthiques fondamentales. Roi Cohen Kadosh lui-même lance un avertissement : ne risquons-nous pas de voir ces outils réservés à ceux qui en ont les moyens financiers, creusant ainsi les inégalités plutôt que de les combler ? S'il est prouvé que cette recherche peut réellement aider en dehors du laboratoire, elle pourrait ouvrir des portes immenses à de nombreuses personnes. Mais une chose est claire : n'essayez surtout pas ces stimulations à la maison sans encadrement professionnel. L'avenir de l'amélioration cognitive passera par une collaboration étroite entre la psychologie, les neurosciences et l'éducation, afin de développer des innovations qui répondent aux contraintes biologiques de manière équilibrée et éthique, pour un impact positif sur la société.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qu'est-ce que la stimulation transcrânienne à bruit aléatoire (tRNS) ?
La tRNS est une technique non invasive de stimulation cérébrale. Elle consiste à appliquer de très faibles signaux électriques sur le cuir chevelu, souvent de manière indétectable pour l'utilisateur, afin d'influencer l'activité des neurones.
La stimulation cérébrale peut-elle nuire aux personnes déjà douées en mathématiques ?
Oui, des recherches précédentes ont montré que chez les personnes ayant déjà de très bonnes compétences en mathématiques, la stimulation pourrait même avoir un effet négatif sur leurs performances, leur système cérébral étant déjà à son niveau optimal.
Les appareils de stimulation cérébrale à domicile sont-ils recommandés ?
Non, les experts déconseillent fortement l'utilisation d'appareils de stimulation cérébrale à domicile sans une supervision professionnelle et des preuves scientifiques solides. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour garantir leur efficacité et leur sécurité.