La capture et le stockage du carbone (CSC) sont fréquemment considérés comme un des piliers essentiels dans la bataille contre le changement climatique. Le concept de capturer nos émissions de CO2 pour les enterrer en sous-sol est séduisant, voire captivant.

Cependant, une récente analyse scientifique a infligé un coup dur à cette perspective. En faisant preuve de réalisme et de prudence, des chercheurs du monde entier ont estimé que la quantité de CO2 que la planète peut sécuritairement stocker ne dépasse pas 1 460 milliards de tonnes, bien en dessous des 12 000 milliards généralement évoqués par le secteur industriel.

Pourquoi les estimations ont-elles été revues si drastiquement à la baisse ?

La différence ne vient pas de la géologie, mais de la prise en compte des risques du monde réel.

Les estimations précédentes se basaient principalement sur le potentiel technique brut des bassins sédimentaires. La nouvelle étude, elle, a exclu toutes les zones qui posent un problème : celles trop proches des villes, les écosystèmes protégés, les régions à forte activité sismique qui pourraient compromettre l'étanchéité du stockage, ou encore les sites trop profonds rendant l'opération irréaliste.
En bref, le stockage géologique sûr n'est pas une option disponible partout et sans contraintes.

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Quel est l'impact réel de cette capacité limitée sur le climat ?

Traduite en impact climatique, cette réduction des capacités de stockage est considérable.
Enfouir ces 1 460 milliards de tonnes de CO2 ne permettrait de réduire le réchauffement global que de 0,7 °C au maximum, contre les 6 °C parfois fantasmés.
Cette conclusion torpille l'idée des scénarios de "dépassement", où l'humanité continuerait d'émettre massivement en pariant sur une future décontamination massive de l'atmosphère. La science nous dit que nous n'aurons pas de baguette magique pour effacer nos excès.

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Quelles sont les implications pour les politiques climatiques actuelles ?

Le message des chercheurs est sans équivoque : le stockage carbone doit être considéré comme une ressource rare et précieuse, à utiliser avec parcimonie pour les secteurs industriels les plus difficiles à décarboner (cimenteries, sidérurgie).

Ces émissions négatives ne peuvent en aucun cas servir de prétexte pour retarder la sortie des énergies fossiles. L'étude soulève aussi une question de justice climatique, les zones de stockage les plus prometteuses se situant souvent dans des pays historiquement gros émetteurs, comme les États-Unis ou la Russie.

Foire Aux Questions (FAQ)

Cette technologie est-elle déjà opérationnelle à grande échelle ?

Non, absolument pas. La capture et le stockage du carbone demeurent des technologies onéreuses et principalement en phase d'expérimentation. Les quantités de CO2 qui sont actuellement mises en stockage chaque année ne représentent qu'une infime partie par rapport aux émissions mondiales. Le déploiement à grande échelle constitue un défi technique et financier de taille.

Le stockage du CO2 est-il complètement dépourvu de risques ?

Non, et c'est précisément le défi que pose cette recherche. Une gestion inadéquate du stockage comporte des dangers tels que des fuites de CO2, la contamination des réserves d'eau souterraines et même l'apparition de micro-séismes. C'est précisément pour limiter ces dangers que les chercheurs ont écarté une grande partie des sites potentiels.

Est-ce la fin des espoirs placés dans la capture du carbone ?

Ce n'est pas la fin, mais un recadrage nécessaire. Le CCS reste un outil potentiellement utile dans la transition énergétique, mais il n'est qu'une petite partie de la solution. L'urgence absolue, confirmée par cette étude, reste la réduction massive et immédiate de nos émissions à la source.