Ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire appelle les États-Unis à " revenir à la sagesse et à la raison " afin de travailler à un compromis à l'OCDE. Au micro de France Inter, il a pointé du doigt " une montée des extrêmes qui ne profitera à personne. "

Cette déclaration du ministre français est en rapport avec la menace de sanctions commerciales américaines en représailles à la fameuse taxation nationale sur les géants du numérique. Elle touche particulièrement les géants américains du numérique, mais Bruno Le Maire conteste un caractère discriminatoire.

À la suite d'une enquête, le Bureau du représentant américain au commerce (USTR) a estimé que la taxe française sur les services numériques est " discriminatoire " et " particulièrement lourde à l'encontre des entreprises américaines du numérique comme Google, Apple, Facebook et Amazon. "

Les griefs de l'USTR portent sur l'aspect rétroactif de la taxe, son application au chiffre d'affaires (3 % du chiffre d'affaires réalisé en France) et non sur les bénéfices, son application extraterritoriale et un objectif de " pénaliser certaines sociétés technologiques américaines. "

L'USTR a ainsi proposé des droits additionnels de douane de jusqu'à 100 % sur des produits français ou des restrictions sur des services français, soit pour l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français, dont des produits cosmétiques, sacs à main, fromages, le vin pétillant. Ces produits pourraient être taxés en ce début d'année.

Bruno Le Maire a tenu une nouvelle fois à rappeler que la taxe touche tous les géants du numérique et pas uniquement les géants américains. En l'occurrence, ceux avec un chiffre d'affaires de 750 millions d'euros dans le monde et de plus de 25 millions d'euros en France. Elle vise les activités de publicité ciblée en ligne, la vente de données d'utilisateurs à des fins publicitaires, l'intermédiation des plateformes.

" On ne va pas rentrer dans une guerre commerciale entre la France, l'Europe et les États-Unis sur la question de la taxation du digital, nous sommes tous d'accord sur la nécessité d'aller de l'avant. " Pour autant, Bruno Le Maire prévient :

" Nos amis américains doivent savoir que s'il devait y avoir des sanctions, et c'est une possibilité aujourd'hui que nous prenons très au sérieux, dans ce cas nous saisirions immédiatement l'OMC. […] Si les Américains décident d'aller jusqu'au bout, de mettre des sanctions contre la taxation du digital, alors même qu'ils étaient pour cette taxation du digital et que notre taxation nationale n'est pas discriminatoire, dans ce cas-là nous riposterions. "

Une guerre commerciale qui selon les mots du ministre " n'est dans l'intérêt de personne. "