L'idée fait son chemin et semble désormais inéluctable. Alors que le parc automobile français s'électrifie à grande vitesse, l'État se prépare à combler un gouffre financier : la disparition progressive de la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques (TICPE).
La solution privilégiée par les experts, et déjà adoptée par nos voisins britanniques, prend la forme d'une redevance kilométrique. Un changement de modèle fiscal pour des millions de conducteurs qui fait déjà grincer des dents.
Pourquoi une taxe devient-elle inévitable ?
La raison est simple : avec la baisse des consommations de carburants fossiles, l'état encaisse également moins d'argent. La TICPE, cette taxe prélevée sur chaque litre d'essence ou de gazole, rapporte chaque année la somme colossale de 30 milliards d'euros à l'État. C'est une manne financière essentielle, et elle est sur le point de se tarir. Avec l'interdiction programmée de la vente de véhicules thermiques neufs en 2035, cette recette est condamnée à disparaître.
La Direction Générale du Trésor a déjà sonné l'alarme. Les pertes pourraient atteindre 13 milliards d'euros dès 2030, avant une évaporation totale d'ici 2050. Augmenter les taxes sur l'électricité générale est impensable, car elles représentent déjà un tiers de la facture des ménages. Le FISC doit donc trouver une nouvelle source de revenus ciblée sur les automobilistes pour financer l'entretien des routes.
Comment cette taxe pourrait-elle fonctionner en France ?
Le modèle le plus probable n'est pas à inventer : il suffit de regarder de l'autre côté de la Manche. Le Royaume-Uni a ouvert la voie en annonçant sa propre taxe kilométrique pour 2028. Le principe est simple : chaque conducteur de véhicule électrique paiera une somme fixe par kilomètre parcouru, estimée à environ 2 centimes d'euro.
La question cruciale reste la méthode de collecte. Les Britanniques s'appuieront sur leur contrôle technique annuel pour relever le kilométrage. En France, avec un contrôle tous les deux ans, l'idée d'un passage annuel obligatoire en centre agréé pourrait voir le jour, même si cela ressemble à une véritable usine à gaz administrative. Une autre piste serait d'utiliser les données des compteurs Linky, capables de détecter la recharge d'un véhicule.
Quel serait le coût pour les automobilistes ?
Les premières estimations sont déjà sur la table. Sur la base du modèle britannique et des calculs de l'économiste François Lenglet, une taxe de 2 centimes par kilomètre représenterait un coût annuel d'environ 250 à 300 euros pour un conducteur parcourant entre 12 500 et 15 000 kilomètres par an.
Ce montant reste inférieur à ce que paie actuellement un conducteur de véhicule thermique via les taxes sur le carburant. Cependant, il marque la fin d'une ère où rouler avec des véhicules électriques exemptait de toute contribution. L'objectif n'est pas de punir, mais de rétablir une forme d'équité fiscale entre tous les usagers de la route.
Foire Aux Questions (FAQ)
Tous les véhicules électriques seraient-ils concernés ?
Oui, en principe, tous les véhicules 100% électriques seraient visés par cette nouvelle taxation. Les modèles hybrides rechargeables pourraient quant à eux bénéficier d'un taux réduit, comme cela est prévu au Royaume-Uni, car ils contribuent déjà partiellement aux recettes de l'État via l'achat de carburant.
Quand cette taxe pourrait-elle être mise en place ?
Aucune date officielle n'a été avancée par le gouvernement français. Toutefois, l'exemple britannique qui fixe une entrée en vigueur en 2028 et l'échéance de 2030 pour les pertes fiscales importantes suggèrent que le sujet deviendra central et potentiellement concret dans les toutes prochaines années.
N'existe-t-il pas déjà une taxe sur les véhicules électriques ?
Si, mais elle est de nature différente. Il s'agit d'une taxe au poids, qui s'applique depuis l'été 2025 aux modèles électriques neufs de plus de 2,1 tonnes. La taxe kilométrique serait une contribution à l'usage et à l'usure des infrastructures, et non plus seulement à la possession d'un véhicule lourd.