C’est une annonce qui n’a pas manqué de faire réagir. Lors de la présentation du projet de budget 2026, le Premier ministre Sébastien Lecornu a confirmé la mise en place d’une taxe spécifique sur les produits du vapotage.
Cette mesure, attendue pour le second semestre 2026, vise à augmenter le prix des e-liquides utilisés dans les cigarettes électroniques et générer de nouveaux revenus pour l'Etat.
Une fiscalité progressive mais un signal clair
Le mécanisme proposé par le gouvernement se veut graduel. Concrètement, une taxe de 30 centimes d'euro sera appliquée sur les flacons de 10 millilitres contenant moins de 15 mg de nicotine.
Pour les flacons plus fortement dosés, l'augmentation s'élèvera à 50 centimes. Alors que le prix de vente de ces fioles oscille actuellement entre 5 et 7 euros, cette hausse représente un surcoût non négligeable pour les utilisateurs réguliers.
Le projet de budget, qui pourra être débattu au Parlement, entend ainsi créer une nouvelle source de revenus tout en encadrant la consommation de ces produits du vapotage. L'exécutif opte pour une approche moins agressive que celle préconisée par la Commission européenne, mais le message envoyé au marché est sans équivoque.
Un coup de frein à un outil de sevrage tabagique ?
Pour de nombreux fumeurs, le passage à la cigarette électronique a été motivé par l'argument financier. L'écart de prix significatif avec le tabac classique constituait une incitation majeure pour écraser la dernière cigarette.
De nombreux vapoteurs qui voient dans cette mesure un paradoxe : taxer un outil reconnu comme le plus utilisé pour sortir du tabagisme. Bien que le vapotage présente des risques cardiovasculaires et pulmonaires à long terme, sa nocivité reste considérée comme inférieure à celle du tabac combustible.
Le secteur s'inquiète des conséquences économiques et sanitaires
Du côté des professionnels, l'inquiétude est palpable. Après avoir trouvé dans la cigarette électronique un substitut à la baisse de la vente de tabac, c'est un nouveau coup dur qui s'annonce.
Le syndicat Fivape va plus loin, affirmant que les 20 000 emplois des 3 500 boutiques françaises sont menacés. Il regrette que l'article 23 du projet de loi de finance conduise à une "redéfinition de la vape pour l’assimiler juridiquement au tabac et lui appliquer, de facto, les mêmes contraintes réglementaires".
Au-delà de l'impact économique, les professionnels alertent sur un risque de santé publique majeur : le renforcement du marché noir.
Ils observent déjà une tendance, notamment chez les jeunes, à se fournir via les réseaux sociaux en produits non contrôlés et de piètre qualité. Cette taxe pourrait amplifier le phénomène et la dépendance qui en découle.
Dans ce contexte, la fiscalité française n'est qu'un prélude, la Commission européenne visant une taxation bien plus lourde, pouvant atteindre 3,60 euros par flacon d'ici 2028.