Face à la multiplication des épisodes de « brumes de sable », l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande de réduire de manière proactive les sources de pollution locales, comme le trafic routier et les rejets industriels, afin d'éviter un cocktail toxique pour la santé humaine.

Les « brumes de sable », un phénomène bien connu aux Antilles et en Guyane, sont de plus en plus fréquentes en France métropolitaine. Ces tempêtes soulèvent d'immenses quantités de poussières et de sable qui, une fois en haute altitude, peuvent voyager sur des milliers de kilomètres.

Selon les Nations Unies, ce ne sont pas moins de deux milliards de tonnes de ces particules qui sont mises en suspension dans l'atmosphère chaque année, un enjeu de plus en plus pressant pour la qualité de l'air mondiale, comme le soulignait déjà l'OMS en 2021.

Un cocktail atmosphérique aux effets démultipliés

Le principal danger de ces brumes ne réside pas uniquement dans les particules sahariennes elles-mêmes, mais dans leur combinaison avec notre pollution atmosphérique quotidienne.

Ces particules naturelles viennent s'ajouter aux polluants déjà présents, faisant exploser les concentrations et conduisant au dépassement des seuils sanitaires. L'Anses, s'appuyant sur les travaux de ses experts, a mis en évidence des effets concrets sur la santé humaine.

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Trafic dense et brume de sable, le combo perdant pour la santé

On observe une hausse de la mortalité non accidentelle, une augmentation des passages aux urgences ainsi que des hospitalisations pour des causes respiratoires ou cardiovasculaires.

Ces impacts sont similaires à ceux observés lors des pics de pollution "classiques", mais ils sont ici exacerbés par l'arrivée massive de ces poussières désertiques.

Le dérèglement climatique, un accélérateur du phénomène

Le contexte actuel rend la situation encore plus préoccupante. L'Anses estime que ces tempêtes de sable sont amenées à devenir plus fréquentes et plus intenses, y compris durant la saison hivernale, une conséquence directe du dérèglement climatique. La saison des brumes de sable a d'ailleurs tendance à s'allonger, nous exposant plus longuement à ces risques combinés.

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Au-delà de l'impact sanitaire, l'agence pointe d'autres conséquences environnementales. Ces dépôts de sable pourraient jouer un rôle dans la prolifération des algues sargasses et seraient également associés à une accélération de la fonte des neiges et des glaces, même si les recherches sur ces sujets doivent encore être approfondies.

Agir sur l'humain : la seule variable d'ajustement

Face à un phénomène naturel impossible à contenir, la seule stratégie viable est d'agir sur les émissions que nous maîtrisons. C'est le cœur de la recommandation de l'Anses.

Comme le souligne Claire Dulong, coordinatrice de l'expertise scientifique, « il est nécessaire d'agir là où il est possible de le faire ». L'agence préconise donc aux autorités de prendre des mesures de réduction du trafic routier et de l'activité industrielle dès qu'un épisode de brume de sable est anticipé.

Cette approche proactive est rendue possible par des prévisions sur la qualité de l'air fiables jusqu'à cinq jours à l'avance. L'objectif est simple : diminuer la concentration totale en particules dans l'air pour limiter l'exposition globale de la population. L'Anses appelle ainsi à un renforcement global des politiques publiques d'amélioration de la qualité de l'air, dont les bénéfices sur la santé ne sont plus à prouver.