Dévoilé comme véhicule du futur par Elon Musk, le Cybertruck n’était pas destiné à finir en cible sur les terrains d’essai militaires. Mais depuis peu, l’US Air Force vient de retenir ce modèle atypique pour des simulations de frappes missiles à la White Sands Missile Range au Nouveau-Mexique, dans le cadre du programme SOPGM (Stand Off Precision Guided Munitions).

Cette initiative, révélée par la publication The War Zone et confirmée par plusieurs documents officiels, met en lumière une inquiétude inédite : la possibilité de voir des ennemis adopter le Cybertruck pour leur robustesse sur le terrain. L’armée souhaite ainsi anticiper ce cas de figure en testant la capacité de ses munitions à traverser l’armure singulière du pickup électrique de Tesla.

Un véhicule qui intrigue l’armée : la singularité du Cybertruck

L’intérêt militaire pour le Tesla Cybertruck trouve sa source dans sa conception inhabituelle. Fruit de recherches menées en février 2025, le Cybertruck se distingue par sa carrosserie en acier inoxydable non peint, son design anguleux et son système électrique en 48V, autant d’innovations introuvables chez les SUV et pickups traditionnels.

L’armée a spécifiquement demandé deux Cybertruck, formellement identifiés, à côté de 31 autres véhicules (berlines, Bongo trucks, SUV, pickups) pour les tests. Selon la justification officielle, “le Cybertruck se démarque par ses matériaux, sa résistance à l’impact et ses technologies innovantes. Aucun véhicule concurrent n’offre ce niveau de singularité et de robustesse.”

Ce choix serait motivé par la conviction que des groupes armés ou des états pourraient adopter ce véhicule pour maximiser leur protection contre les dégâts causés par les frappes militaires, rendant ainsi les tests indispensables pour adapter la puissance des missiles de précision.

Des tests grandeur nature : préparer la riposte face aux menaces émergentes

La démarche ne relève pas d’une simple curiosité technologique. D’après les contrats, les véhicules doivent servir pour des exercices de tir réel au sein du programme de test de précision des munitions guidées, piloté par le US Special Operations Command (SOCOM).

“Tester les armes sur le Cybertruck permet de préparer les unités à des scénarios réalistes sur le terrain”, révèle le document officiel. Les Cybertrucks n’auront pas besoin d’être fonctionnels ; ils doivent seulement pouvoir être remorqués et avoir leurs batteries retirées afin de prévenir les feux accidentels dus à leur composition en lithium-ion, particulièrement risquée lors d’explosions.

À la question de savoir si des adversaires utilisent déjà ce véhicule, la réponse est nuancée. Un épisode relativement récent, relayé dans la presse, montre que le leader tchétchène Ramzan Kadyrov a vanté un Cybertruck porteur d'une mitrailleuse envoyé en Ukraine, avant d’en accuser Tesla de sabotage à distance. Un cas isolé, certes, mais qui alimente la réflexion des stratèges américains quant aux choix matériels de leurs ennemis.

Le Cybertruck sous le feu des critiques : entre mythe et réalité du blindage

Quand Musk a présenté son pickup en 2019, il le décrit volontiers comme “apocalypse proof”. Une réputation qu’il a tenté d’illustrer via des vidéos où la carrosserie résiste à plusieurs types d’armes à feu.

Pourtant, dans les faits, le Cybertruck s’est illustré par des défauts récurrents : rappels multiples pour pièces défaillantes, problèmes de qualité de construction et ventes en berne (-51% en 2025).

Les experts s’accordent pour dire que le pickup électrique, malgré son exosquelette renforcé, serait peu adapté à une utilisation militaire intensive à cause de ses failles techniques, notamment au niveau de la maintenance et de la recharge électrique sur le champ de bataille.

Cela n’empêche pas l’US Air Force de considérer utile de s’entraîner face à ce qui pourrait devenir une menace potentielle : la préparation s’annonce donc exhaustive.

Elle veut être sûre que ce type de véhicule hors du commun ne causera pas de mauvaises surprises et ne risque pas de servir des objectifs se retournant contre le pays qui les a vus naître.