Le constructeur Tesla, bien qu'étant un acteur majeur de l'industrie automobile, dépend comme ses concurrents des géants asiatiques de la fonderie. L'entreprise conçoit depuis plusieurs années ses propres puces, notamment pour la conduite autonome, mais elle en confie la production à des sous-traitants de premier plan comme le taïwanais TSMC et le sud-coréen Samsung. Une stratégie classique dans un secteur ultra-spécialisé.

Une dépendance devenue un goulot d'étranglement

Le problème, selon Elon Musk, est que cette dépendance atteint ses limites. Face à l'explosion de la demande mondiale en IA, les capacités des fournisseurs actuels ne suffiront tout simplement pas à alimenter les futurs projets de Tesla, de ses véhicules autonomes à son robot humanoïde Optimus.

"Même en extrapolant le meilleur scénario de production de nos fournisseurs, ce n'est toujours pas suffisant", a déclaré le PDG. La conclusion est sans appel : "Je ne vois pas d'autre moyen d'atteindre le volume de puces que nous recherchons."

C'est là qu'intervient le concept de Tesla Tera Fab. Un nom qui fait écho aux "Gigafactories" existantes, mais avec une ambition décuplée.

La "Tera Fab" : Une capacité de production massive

Musk ne parle pas d'une simple nouvelle usine. Il évoque un monstre industriel. L'objectif initial serait d'atteindre une capacité de 100 000 "wafer starts" (le début du processus de fabrication d'une galette de silicium) par mois.

À terme, cette Tera Fab pourrait même grimper jusqu'à 1 million de wafers par mois. Pour mettre ce chiffre en perspective, TSMC, le leader mondial incontesté, affichait une capacité totale d'environ 1,42 million de wafers par mois en 2024.

Tesla entrerait ainsi dans la cour des très grands fondeurs, une manœuvre "très inhabituelle" pour un constructeur automobile.

Intel en embuscade, Nvidia dans le viseur

Si les partenaires actuels (TSMC, Samsung) sont toujours dans la boucle, Elon Musk a aussi ouvert la porte à une collaboration inattendue. "Peut-être que nous ferons quelque chose avec Intel", a-t-il lancé aux actionnaires, provoquant une hausse de 4% de l'action du fondeur américain après la clôture.

Tesla travaille actuellement sur sa puce de nouvelle génération, l'AI5. Musk promet qu'elle sera plus économe en énergie et surtout bien moins chère que ses concurrentes, visant directement la puce Blackwell de Nvidia. Il estime qu'elle pourrait offrir des performances comparables pour "environ un tiers de la puissance" et "moins de 10% du coût".

Cette stratégie de verticalisation est essentielle pour les projets futurs : le Cybercab, un véhicule autonome sans volant ni pédales dont la production doit débuter en avril, et le robot Optimus, dont Musk affirme qu'il pourrait "éliminer la pauvreté". Rien de moins. L'approbation récente de son plan de rémunération colossal par les actionnaires semble valider cette vision.