Face à la menace grandissante des ordinateurs quantiques capables de briser les protections actuelles, le groupe Thales dévoile la première carte à puce européenne certifiée avec cryptographie post-quantique.

Validée par l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), cette innovation permet de sécuriser dès aujourd'hui les documents d'identité et bancaires, positionnant l'Europe comme un acteur clé de la cybersécurité du futur.

Depuis des années, les experts anticipent l'avènement des ordinateurs quantiques, des machines à la puissance de calcul si colossale qu'elles pourraient rendre obsolètes les algorithmes de cryptographie qui protègent aujourd'hui nos vies numériques.

Les données sensibles contenues dans nos passeports, cartes bancaires ou permis de conduire numériques reposent sur des protections que ces futurs calculateurs pourraient "casser" en un temps record.

Le spectre du "big bang cryptographique"

Cette perspective n'est plus de la science-fiction. Le cabinet Gartner estime que dès 2029, la puissance quantique sera suffisante pour briser les mécanismes de chiffrement asymétriques utilisés massivement.

L'enjeu est colossal : des millions de citoyens et d'organisations pourraient voir leurs données les plus confidentielles exposées, ouvrant la voie à des fraudes et à une instabilité sans précédent.

Thales carte a puce

Cette course contre la montre a poussé les acteurs du secteur à développer des contre-mesures. L'objectif est de concevoir une nouvelle génération de cryptographie, dite "post-quantique", capable de résister à la fois aux ordinateurs classiques et aux futurs ordinateurs quantiques. 

Une réponse technologique certifiée au plus haut niveau

C'est dans ce contexte que Thales, leader européen de la cybersécurité, vient de marquer un point décisif. Après plus de cinq ans d'investissements, le groupe français a présenté sa solution : la carte à puce "MultiApp 5.2 Premium PQC".

Développée en partenariat avec le CEA-Leti, elle est la première en Europe à intégrer une cryptographie post-quantique et à obtenir un Visa de sécurité de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes informatiques (ANSSI).

Thales carte identite securite

Cette certification, délivrée au plus haut niveau d'exigence (EAL 6+), garantit que la solution intègre des algorithmes robustes, standardisés par le NIST américain, et offre une protection durable.

Anticiper pour ne pas subir : un enjeu de souveraineté

L'avantage d'une telle innovation est avant tout stratégique. Pour une institution gouvernementale, déployer aujourd'hui une carte d'identité électronique résistante au quantique, c'est s'éviter l'opération logistique et financière titanesque de devoir renouveler des millions de titres dans l'urgence.

C'est un gage de continuité pour les services publics et un pilier de la confiance citoyenne. En adoptant ces technologies, les organisations réduisent leur exposition au chaos annoncé et renforcent leur souveraineté numérique.

Avec cette première mondiale, Thales ne se contente pas de proposer un produit ; il place l'Europe dans une position de leader sur l'échiquier mondial de la cybersécurité.

Franck Sadmi, directeur à l'ANSSI, le confirme : "L’Europe est prête à devenir un leader en sécurité post-quantique". La question n'est désormais plus de savoir si la transition aura lieu, mais à quelle vitesse les infrastructures critiques adopteront ce nouveau bouclier technologique.