L'agence spatiale chinoise a acquis beaucoup d'expérience en menant ses deux missions de récupération d'échantillons du sol lunaire et en les ramenant sur Terre pour analyse.
D'abord récupérés depuis la face visible, la Chine a renouvelé l'exploit en collectant de la poussière et des roches sur la face cachée grâce à un ingénieux système de satellite-relais assurant les communications avec la Terre.
Les missions Chang'e-5 et Chang'e-6 ont permis de gagner un savoir-faire et une confiance qui seront fort utiles pour l'objectif suivant : récupérer des échantillons du sol de la planète Mars et les rapporter sur Terre.
C'est le projet de la mission Tianwen-3 et qui vient en concurrence presque frontale avec le projet Mars Sample Return de la NASA et de l'ESA qui a la même ambition en récupérant les tubes d'échantillons remplis par le rover Perseverance sur place.
Tout le nécessaire pour atterrir et repartir vers la Terre
Toutefois, la mission de la NASA est soumise à une forte pression pour surmonter des obstacles techniques ardus et trouver les financements supplémentaires nécessaires.
Elle risque ainsi de manquer sa fenêtre de lancement prévue en 2028, ce qui la repousserait à 2030, quand Mars sera de nouveau au plus près de la Terre. Pour la Chine, ces difficultés sont une nouvelle chance de briller et de prendre les devants en lançant sa mission de récupération d'échantillons martiens pour les ramener sur Terre avant la NASA.
Et en effet, le pays veut tout faire pour assurer le lancement de la mission Tianwen-3 en 2028. Elle continue de préciser son projet en anticipant le tir de deux lanceurs Longue Marche 5, l'un avec un atterrisseur et un véhicule d'ascension (pour remonter les échantillons en orbite) et l'autre avec une sonde orbitale et un module de retour vers la Terre.
Les techniques de dépose de rover de Tianwen-1 seront réutilisés
Les techniques de descente et de déploiement sur Mars seront les mêmes que celles utilisées pour la mission Tianwen-1 qui avait permis de déposer le rover Zhurong.
Pour la collecte d'échantillons, un rover doté de 6 roues et un hélicoptère pourraient être déployés, l'hélicoptère Ingenuity de la NASA ayant montré la possibilité de faire évoluer des engins volants dans l'atmosphère ténue et agitée de Mars.
Toutes ces technologies seront-elles prêtes pour l'échéance de 2028 ? Le flou demeure faute d'informations précises sur l'état d'avancement des différents volets de la mission Tianwen-3.
En quête de traces biologiques passées
Elle met en tous les cas la pression sur les projets de la NASA puisqu'elle pourrait potentiellement récolter ses échantillons et les renvoyer sur Terre au moment seulement où Mars Sample Return prendrait le départ ou serait en route pour rejoindre Mars.
Ramener des échantillons du sol martien avant la NASA serait forcément un nouveau coup d'éclat majeur pour le secteur spatial chinois, même si beaucoup d'éléments peuvent dégénérer durant une telle mission.
L'expérience acquise avec le rover Zhurong mise à profit
Les scientifiques chinois ont déjà identifié trois sites potentiels de collecte dont les échantillons, outre leur valeur géologique, pourraient aussi contenir des traces de formes de vie fossiles qui auraient pu se former quand Mars était encore couverte d'eau liquide dans son jeune temps.
La mission s'engage en tous les cas à respecter les bonnes pratiques de non contamination de Mars par des germes terrestres et, inversement, de ne prendre aucun risque biologique avec les échantillons martiens sur Terre.
Et comme pour les échantillons lunaires, la Chine devrait partager une partie de la poussière martienne ramenée avec la communauté scientifique internationale pour l'étudier en détail.