Pendant que ses concurrents s'écharpent sur le terrain de la voiture électrique, Toyota peaufine sa propre partition. Loin de miser sur une seule technologie, le constructeur japonais, en partenariat avec Subaru et Mazda, vient de présenter une famille de moteurs à combustion interne de nouvelle génération, conçus pour être plus petits, plus efficaces et compatibles avec une multitude de carburants décarbonés.
En parallèle, une collaboration avec le chinois GAC Motor a donné naissance à un moteur expérimental à l'ammoniac, confirmant que pour Toyota, la fin du thermique n'est pas pour demain.
Le pari audacieux du moteur à ammoniac, une fausse bonne idée ?
L'annonce la plus surprenante est sans doute ce moteur quatre cylindres capable de fonctionner à l'ammoniac liquide. Sur le papier, la promesse est séduisante : ce carburant ne contenant pas de carbone, sa combustion ne produit pas de CO2, avec une réduction potentielle des émissions de gaz à effet de serre de 90%.
Mais cette solution miracle se heurte à des obstacles majeurs. L'ammoniac est toxique, dégage une odeur piquante et sa production mondiale est actuellement concentrée dans quelques pays comme la Chine et la Russie, posant un risque de nouvelle dépendance géopolitique. Résoudre ces défis techniques et industriels s'annonce comme un véritable casse-tête.
À quoi ressemblent les nouveaux moteurs thermiques "du futur" ?
Plus concrète et sans doute plus réaliste à court terme, la nouvelle génération de moteurs thermiques développée par Toyota est une petite merveille d'ingénierie. Plus compacts et plus légers, ces blocs de 1,5L et 2,0L sont conçus pour s'intégrer facilement dans différentes configurations, notamment hybrides. Surtout, ils sont polycarburants.
Ils peuvent fonctionner à l'essence, mais aussi avec des carburants synthétiques, des biocarburants ou de l'hydrogène. Cette flexibilité est la clé de la stratégie de Toyota : proposer des moteurs à combustion interne qui peuvent, à terme, atteindre la neutralité carbone. Côté performances, le potentiel est là, avec des versions turbo qui pourraient dépasser les 400 chevaux.
Pourquoi Toyota refuse-t-il d'abandonner le moteur à combustion ?
La réponse de Toyota est pragmatique. Selon son président, Akio Toyoda, les véhicules 100% électriques ne dépasseront pas 30 % du marché mondial à long terme. Plutôt que de tout miser sur une seule technologie, le constructeur préfère une approche diversifiée pour atteindre ses objectifs de décarbonation.
Cette stratégie multi-énergies, baptisée "Beyond Zero", vise à offrir la bonne motorisation au bon marché, au bon moment. En continuant à investir dans le thermique "propre", Toyota ne tourne pas le dos à l'avenir, mais parie sur une transition plus progressive et réaliste, où différentes technologies coexisteront pour répondre à la diversité des besoins et des infrastructures à travers le monde.
Foire Aux Questions (FAQ)
Ces nouveaux moteurs thermiques seront-ils vendus en Europe ?
Oui, c'est l'objectif. Ces moteurs compacts sont spécifiquement conçus pour s'adapter aux futures normes d'émissions, notamment européennes. Leur compatibilité avec les carburants de synthèse et l'hydrogène est un atout majeur pour leur commercialisation sur le long terme sur le Vieux Continent.
Un moteur à l'ammoniac est-il vraiment sûr pour une voiture ?
C'est le principal défi. L'ammoniac est corrosif et toxique à l'inhalation. Son utilisation dans un véhicule grand public nécessiterait des systèmes de stockage et de combustion extrêmement sécurisés pour éviter toute fuite, ainsi que des solutions pour neutraliser son odeur très forte. Pour l'heure, cela reste au stade de l'expérimentation.
Est-ce que Toyota abandonne pour autant les voitures électriques ?
Non, absolument pas. Toyota continue d'investir massivement dans le développement de plateformes "nativement électriques". Cette nouvelle génération de moteurs thermiques n'est pas une alternative à l'électrique, mais un complément dans une stratégie globale visant à offrir un large éventail de motorisations décarbonées (hybride, hybride rechargeable, électrique à batterie, hydrogène, et maintenant thermique neutre en carbone).