Le scandale de harcèlement qui secoue Ubisoft depuis 2020 est loin d'être terminé. Après la condamnation de trois de ses anciens hauts cadres en juin dernier, l'affaire remonte désormais jusqu'au sommet de la hiérarchie. Le PDG, Yves Guillemot, ainsi que la directrice des ressources humaines, Marie Derain, ont été cités à comparaître devant le tribunal de Bobigny. Une escalade judiciaire qui vise à questionner la responsabilité de l'entreprise en tant qu'institution.
Pourquoi Yves Guillemot est-il maintenant convoqué ?
Ce rebondissement fait suite au procès de juin, qui s'était soldé par des peines de prison avec sursis pour trois ex-dirigeants mais avait épargné l'entreprise et son PDG. L'action a été initiée par le syndicat Solidaires Informatiques et quatre anciens salariés via une procédure de "citation à comparaître".
Cette démarche permet à des victimes de convoquer directement un auteur présumé devant un tribunal correctionnel, sans passer par une enquête du parquet. L'objectif des plaignants est clair : démontrer le "caractère systémique" du harcèlement chez Ubisoft et prouver que la direction, par son inaction, s'est rendue complice.
Quelle est la position d'Ubisoft face à ces nouvelles accusations ?
De son côté, Ubisoft confirme la convocation mais maintient sa ligne de défense. L'entreprise soutient que les faits reprochés sont les mêmes que ceux déjà examinés par le parquet, qui avait à l'époque décidé de ne pas engager de poursuites pénales contre Yves Guillemot ou la société en tant que personne morale.
La direction continue de nier avoir eu connaissance des agissements de ses anciens cadres et réaffirme sa politique de "tolérance zéro". Dans un mail interne, l'entreprise a informé ses salariés des nouvelles poursuites et assuré qu'elle continuerait de coopérer avec la justice.
Qu'est-ce que cette convocation change pour l'industrie du jeu vidéo ?
Ce second procès change la donne : il fait basculer la faute individuelle vers la responsabilité d'entreprise. Les plaignants ne s'attaquent plus seulement aux auteurs des faits, mais tentent de démontrer que la culture d'entreprise et l'inaction de la direction ont laissé un système de harcèlement se développer.
Si la complicité de la direction était reconnue, cela créerait un précédent majeur bien au-delà d'Ubisoft. L'issue de ce procès, prévu pour le 1er octobre, est donc observée de très près par toute une industrie qui a été secouée par de nombreuses affaires similaires ces dernières années.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qui sont les personnes convoquées ?
Sont convoqués Yves Guillemot, PDG et co-fondateur d'Ubisoft, Marie Derain, directrice des ressources humaines, ainsi qu'Ubisoft en tant que personne morale (l'entreprise elle-même).
Qu'est-ce que le "harcèlement systémique" ?
Le harcèlement systémique ou institutionnel désigne une situation où le harcèlement n'est pas seulement le fait d'individus isolés, mais est rendu possible, voire toléré, par la culture, les politiques et le manque de réaction de la direction d'une entreprise.
Que s'était-il passé lors du premier procès ?
En juin 2025, trois anciens hauts responsables d'Ubisoft (Serge Hascoët, Tommy François et Guillaume Patrux) ont été reconnus coupables de harcèlement moral et/ou sexuel et condamnés à des peines de prison avec sursis et des amendes. L'enquête initiale n'avait pas retenu de charges contre la direction.