Face aux nouvelles restrictions de la Chine sur l'exportation des terres rares, l'UE cherche une réponse coordonnée avec le G7. Ces mesures, jugées "injustifiées", paralysent déjà certaines entreprises et menacent directement les ambitions de réarmement et d'autonomie stratégique du continent, mettant en lumière sa forte dépendance.

La tension monte d'un cran entre Bruxelles et Pékin. L'annonce par la Chine de nouvelles restrictions sur l'exportation de technologies liées aux terres rares a déclenché une réaction ferme de l'Union européenne.

Le Commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a confirmé que des discussions étaient en cours avec les partenaires du G7 pour élaborer une "réponse coordonnée" face à une situation qui cause déjà des "dégâts économiques réels" et qu'il est impossible de "tolérer".

Un impact direct et jugé "excessif" sur l'industrie

Les conséquences de la politique chinoise ne sont plus théoriques. Selon Maros Sefcovic, certaines entreprises européennes ont déjà été contraintes de suspendre leur production.

Le géant asiatique, premier producteur mondial de ces matériaux essentiels pour le numérique, l'automobile ou l'énergie, impose des conditions jugées "excessives" pour l'obtention de licences d'exportation.

Les entreprises doivent fournir des détails injustifiés sur leurs processus, incluant parfois une "documentation photographique de l'ensemble de leurs lignes de production" ainsi que des informations complètes sur leur chaîne d'approvisionnement.

Le secteur de la défense en première ligne

Au-delà des industries civiles, c'est le secteur de la défense qui exprime les plus vives inquiétudes. L'Association des industries européennes de l'aérospatiale, de la sécurité et de la défense (ASD), représentant des géants comme Airbus, Thales ou Rheinmetall, suit la situation de très près.

À partir du 1er décembre, les règles se durcissent : toute demande d'utilisation de terres rares à des fins militaires sera automatiquement rejetée par Pékin.

Pour Daniel Fiott, professeur au Centre pour la sécurité, la diplomatie et la stratégie de Bruxelles, cette manœuvre pourrait "durement toucher l'industrie européenne de la défense", en retardant la production de munitions et de systèmes de haute technologie.

La quête d'autonomie stratégique face à l'urgence

Ce durcissement chinois survient au pire moment possible pour une Europe qui cherche activement à se réarmer et à renforcer son autonomie. La dépendance est criante : la Chine fournit à elle seule 97 % du magnésium et 31 % du tungstène de l'UE, et la demande globale de terres rares pourrait être multipliée par six d'ici 2030.

Pour contrer cette vulnérabilité, Bruxelles a adopté la loi sur les matières premières critiques. L'objectif d'ici 2030 est ambitieux : extraire 10 % de ses besoins sur son sol, transformer 40 % et recycler 25 %, tout en limitant à 65 % la dépendance à un seul pays pour chaque matériau. Le chemin pour y parvenir s'annonce toutefois long et complexe.