Beijing renforce son emprise sur le marché mondial des terres rares. De nouvelles restrictions, appliquées avec effet immédiat, ciblent désormais l'exportation des technologies d'extraction et de transformation.

Cette décision stratégique, justifiée par l'argument récurrent de la sécurité nationale, accentue la dépendance des industries occidentales et place Washington comme Bruxelles face à un défi majeur.

La Chine a annoncé ce jeudi l'instauration de nouveaux contrôles sur les exportations de technologies liées aux terres rares. Avec une application immédiate, cette mesure renforce considérablement la réglementation dans un secteur déjà au cœur de vives tensions géopolitiques avec les États-Unis et l'Europe.

Mine terres rares

Le géant asiatique confirme ainsi sa volonté d'utiliser sa position dominante comme un levier stratégique. Elle exploite cette position depuis des années pour obtenir gain de cause dans ses litiges auprès de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) mais elle accélère franchement le mouvement face aux USA, en réponse aux restrictions commerciales imposées dans les semi-conducteurs.

Un tour de vis justifié par la sécurité nationale

Selon le ministère du Commerce chinois, ces nouvelles règles visent donc à "sauvegarder la sécurité nationale et les intérêts" du pays. Pékin affirme que certaines organisations étrangères auraient utilisé des terres rares ou des technologies d'origine chinoise dans des domaines sensibles, notamment militaires, constituant une "menace potentielle".

Xi Jinping VS Trump

Les Etats-Unis voient retourné contre eux le même argument utilisé pour refuser de fournir les puces les plus avancées à la Chine dans divers domaines stratégiques et pour bloquer l'accès aux techniques de gravure les plus fines.

Concrètement, l'exportation des technologies d'extraction, de fusion et de maintenance des lignes de production est désormais soumise à une licence. Toute demande destinée à un usage militaire sera systématiquement refusée, et celles concernant les semi-conducteurs avancés ou l'intelligence artificielle seront examinées au cas par cas.

Une domination stratégique construite sur des décennies

Cette décision s'appuie sur une position quasi monopolistique. La Chine ne possède pas seulement un tiers des réserves mondiales, estimées à 44 millions de tonnes par l'US Geological Survey, mais elle domine surtout l'étape cruciale du raffinage.

Grâce à des décennies d'investissements massifs et au dépôt d'innombrables brevets, elle a créé une barrière à l'entrée quasi infranchissable. De nombreuses entreprises occidentales extraient les minerais sur leur sol pour ensuite les envoyer en Chine, faute de capacités de transformation. Cette réalité renforce la dépendance mondiale à l'égard de l'industrie chinoise.

L'Occident face au défi de la dépendance

Pour les États-Unis et l'Union Européenne, l'équation est complexe. Ces minéraux sont indispensables à des secteurs allant de l'automobile électrique à la défense.

Les précédentes restrictions, instaurées en avril sur les minerais eux-mêmes, avaient déjà provoqué des perturbations majeures dans les chaînes d'approvisionnement.

Malgré les tentatives de dialogue, comme l'accord sur un mécanisme "amélioré" évoqué par Ursula von der Leyen en juillet, la réalité du terrain reste difficile pour les entreprises européennes. La nouvelle réglementation, avec ses clauses extraterritoriales, risque d'aggraver une situation déjà précaire et de transformer l'implacable réalité économique en un puissant outil de pression géopolitique.