L'association de consommateurs UFC-Que Choisir publie une étude sur l'état du marché de la téléphonie mobile qui tente de faire le point sur plusieurs années de fonctionnement du secteur, marquées par l'arrivée en 2012 du quatrième opérateur Free Mobile et de ses forfaits sans engagement à prix agressifs qui ont entraîné une évolution rapide des offres et une libération de la contrainte sur 12 à 24 mois des forfaits avec mobile subventionné.
Dans sa synthèse, elle évoque l''heureux épuisement du modèle de la subvention du terminal" depuis l'arrivée de Free Mobile et note qu'à fin 2013, près de la moitié des abonnés mobiles avaient opté pour une formule sans engagement, tendance qui va se renforcer encore cette année.
Elle rappelle que le modèle par subvention peut créer un surcoût jusqu'à 50% tandis que les formules sans engagement n'obligent plus à croire sur parole les déclarations des opérateurs sur leur qualité de service et leur couverture en permettant de basculer rapidement vers un concurrent, ce qui apparaît dans le triplement de la demande de portabilité du numéro mobile entre 2012 et 2013.
Empêcher la remontée des prix à l'issue de la consolidation du marché
L'autre effet Free Mobile concerne la chute des prix des forfaits mobiles, en moyenne de 30%, indique l'association de consommateurs, ce qui aurait permis aux clients d'économiser 6,83 milliards d'euros. La France fait maintenant partie des pays européens les moins chers, après avoir longtemps été parmi les plus onéreux.
L'UFC-Que Choisir démonte aussi les arguments négatifs avancés lors de l'arrivée de Free Mobile en relevant que "l'emploi dans le secteur a progressé depuis 2012 et le pouvoir d'achat libéré est susceptible d'avoir créé 50 000 emplois tous secteurs confondus."
La baisse de revenus des opérateurs serait plutôt à imputer à la saturation du marché, fait valoir l'association. Dans ce contexte d'évolution favorable aux consommateurs, l'UFC-Que Choisir s'inquiète cependant des conséquences des rachats dans le secteur.
Certes, le rapprochement entre Numericable et SFR maintient un marché à quatre acteurs mais un retour à moyen terme à trois opérateurs est loin d'être exclu, avec le risque d'une remontée des prix, comme observé sur d'autres marchés européens.
L'association appelle donc dès à présent à "réformer la tarification de gros appliquée par les opérateurs de réseaux aux opérateurs virtuels (Virgin Mobile, NRJ Mobile, etc) afin de permettre à ces derniers d'être les garants de la concurrence". Les MVNO pourraient donc jouer enfin ce rôle d'aiguillon promis depuis leurs débuts sans leur en donner vraiment les moyens.
Elle suggère également une surveillance accrue des déploiements 4G et des niveaux d'investissement dans les réseaux afin d'éviter les déconvenues de dégradation de qualité de service. L'Arcep et l'Autorité de la Concurrence doivent donc dès à présent fixer le cadre et les conditions "propres à la sauvegarde d'une intensité concurrentielle au service des consommateurs".
Souvent critique à l'égard de Free / Free Mobile, l'association de consommateurs trouve pourtant dans son étude beaucoup d'effets positifs à l'arrivée de Free Mobile et à l'action de Xavier Niel sur le secteur.