Oubliez les théories complotistes sur les "turbo cancers". La réalité scientifique pourrait être exactement l'inverse. Une nouvelle étude majeure menée par des chercheurs du MD Anderson Cancer Center de l'Université du Texas, et publiée dans la prestigieuse revue Nature, vient de secouer le monde de l'oncologie.

La découverte : les vaccins à ARNm contre le COVID-19 (Pfizer et Moderna) semblent améliorer de façon spectaculaire l'efficacité des immunothérapies contre le cancer.

Quels sont les chiffres de cette étude ?

Les chiffres sont stupéfiants. Les chercheurs ont analysé les dossiers de plus de 1000 patients. Pour ceux atteints d'un cancer du poumon avancé, la survie médiane des patients n'ayant pas reçu le vaccin était de 20,6 mois. Pour ceux ayant reçu un vaccin ARNm dans les 100 jours suivant le début de leur traitement, la survie médiane grimpe à 37,3 mois. C'est presque le double.



Au bout de trois ans, 56 % des patients vaccinés étaient toujours en vie, contre seulement 31 % chez les non-vaccinés. L'effet est aussi visible sur le mélanome métastatique.

Comment expliquer cet effet sur le cancer ?

L'explication est une synergie immunologique. L'immunothérapie moderne, comme le Keytruda, fonctionne en "enlevant les freins" du système immunitaire (les checkpoints PD-L1) pour qu'il attaque la tumeur. Mais cela ne marche que sur les tumeurs "chaudes", déjà repérées par les défenses. Les tumeurs "froides", elles, sont invisibles.



Les vaccins à ARNm, de leur côté, agissent comme une "alarme incendie" générale, provoquant un tsunami d'interféron de type I. Cette alerte massive "réveille" tout le système immunitaire. Ce faisant, il "chauffe" les tumeurs froides, les forçant à se dévoiler et à exprimer la protéine PD-L1 que les médicaments peuvent alors bloquer.

Quelles sont les implications de cette découverte ?

L'aspect le plus excitant est que cet effet est particulièrement prononcé chez les patients qui, normalement, répondent mal à l'immunothérapie (ceux avec de faibles niveaux de PD-L1). Pour eux, le taux de survie à trois ans a été multiplié par cinq. Cela signifie qu'un vaccin peu coûteux, sûr et déjà massivement disponible pourrait rendre efficaces des traitements révolutionnaires pour des millions de patients jusqu'ici résistants.



Cette découverte, purement observationnelle, doit maintenant être confirmée par un essai clinique à grande échelle, qui est déjà en préparation.

Foire Aux Questions (FAQ)

Cette étude prouve-t-elle que le vaccin COVID guérit le cancer ?

Non, absolument pas. L'étude montre que le vaccin ARNm, lorsqu'il est combiné à un traitement d'immunothérapie (inhibiteurs de checkpoint), semble augmenter drastiquement l'efficacité de ce traitement et la survie des patients. Le vaccin seul n'a pas d'effet anti-cancer connu.

Quels vaccins sont concernés ?

L'étude s'est concentrée sur les vaccins à ARNm (Pfizer/BioNTech et Moderna). Le mécanisme repose sur la forte réponse immunitaire (interféron) qu'ils génèrent, un effet qui n'est pas forcément partagé par d'autres types de vaccins.

Cette étude est-elle définitive ?

Non. C'est une étude observationnelle (analyse de données passées). Bien qu'elle ait été rigoureuse, elle doit être confirmée par un essai clinique prospectif (où l'on donne activement le vaccin à un groupe et pas à l'autre) pour devenir une recommandation médicale officielle. Un tel essai est en préparation.