Les constructeurs chinois profitent-ils d'aides d'Etat illégales pour casser les prix sur les marchés européens ? Après investigation, la Commission européenne a décidé de relever les taxes douanières sur les importations de véhicules électriques, avec des hausses allant de 17 à 38% selon les cas de figure, en plus des 10% de base.
Depuis le 4 juillet, la mesure est effective pour quatre mois, après quoi il faudra décider si elle doit être maintenue sur les 5 prochaines années ou abandonnée, en fonction de l'avancée des négociations avec la Chine.
Les Etats membres de l'UE sont appelés à donner leur avis et il faudra que 15 pays au moins sur les 27 (et représentant au minimum 65% de la population européenne) décident de la valider pour imposer ces nouveaux droits de douane.
Tiraillements au sein de l'UE
Si la France est favorable à l'application de taxes douanières relevées (qui impactent tous les constructeurs, pas seulement chinois, qui importent des véhicules électriques depuis la Chine), d'autres pays y sont opposés, au premier rang desquels l'Allemagne qui craint les conséquences d'une telle mesure pour l'activité de sa puissante industrie automobile en Chine, et plus généralement une réponse chinoise qui pourrait sanctionner en retour les entreprises européennes.
D'autres nations, comme les pays d'Europe du Nord et la Hongrie (qui a vu le constructeur chinois BYD installer une première usine sur son sol), s'opposent également à la hausse des taxes douanières.
Le journal La Tribune note que, de son côté, la France a plutôt intérêt à valider la montée des taxes douanières...mais qu'elle perd de son influence du fait du maëlstrom politique des législatives anticipées et des incertitudes qui en découlent.
Le maintien de la hausses des tarifs douaniers n'est donc pas totalement assuré, même si les observateurs notent qu'il reste l'option la plus probable au regard des attentes de l'ensemble des Etats membres.
La Chine lance ses investigations contre l'Europe
Pendant ce temps, l'industrie automobile européenne souffre, comme en témoigne l'annonce de la fermeture d'une usine de production de véhicules électriques du constructeur Audi (groupe Volkswagen) faute de demande pour ses gros SUV électriques luxueux Q8 e-Tron.
Et la Chine a commencé à réagir en annonçant des enquêtes sur des pratiques commerciales jugées déloyales de l'Union européenne et pouvant fausser le jeu de la concurrence...soit exactement ce qui est reproché à certains constructeurs chinois par la Commission européenne.
La crispation ne concerne pas que les voitures électriques. Les champions chinois des panneaux solaires Longi et Shanghai Electric ont dû se retirer d'un appel d'offres géant d'équipement en Roumanie pour des pratiques de dumping.
La Chine annonce donc une série d'investigations portant sur plusieurs secteurs, des trains aux équipements photovoltaïques et éoliens. Les liens économiques avec l'Europe restant très forts, les conséquences peuvent être dures pour les entreprises européennes.