Viginum, l'organisme français de lutte contre la désinformation, a identifié 25 opérations d'ingérence numérique étrangère durant les élections européennes et législatives de 2024.

Des acteurs russes, comme le groupe Storm-1516, sont pointés du doigt. L'agence alerte sur un durcissement de la menace, qui utilise désormais l'IA et vise déjà les prochaines élections municipales.

Des acteurs russes et chinois bien identifiés

L'organisme gouvernemental chargé de traquer ces manœuvres a fait état de nombreuses tentatives d'ingérences numériques étrangères distinctes sur cette période.

Selon un responsable de l'agence cité par l'AFP, cette recrudescence est attribuée à des "modes opératoires persistants" venant d'acteurs malveillants déjà connus.

Le groupe russe Storm-1516 est notamment dans le viseur. Ce réseau est accusé d'avoir créé un faux site de campagne usurpant l'identité de la coalition présidentielle "Ensemble" lors des législatives. Le site promettait une "prime Macron" de 100 euros en échange d'un vote.

Mais la menace ne vient pas que de Moscou. Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique aux européennes, avait lui-même signalé être la cible d'une opération orchestrée par des comptes pro-chinois. Ces derniers l'accusaient d'être un "cheval de Troie" de la CIA en Europe.

Une stratégie de sape à long terme

Ces attaques répétées révèlent une intention claire, déployée sur le long terme, visant à "saper la cohésion, discréditer les institutions et modifier les perceptions sur notre modèle démocratique", analyse un responsable de Viginum.

La période électorale est un moment de vulnérabilité accrue. Il suffit alors aux attaquants de "jeter un peu d’huile sur le feu" sur des sujets déjà polarisants pour amplifier les tensions.

Ce phénomène a aussi été observé lors de la mobilisation du 10 septembre. Née sur les réseaux sociaux français, elle a fait l'objet de "reprises opportunistes" par des acteurs pro-russes et pro-iraniens, même si les autorités n'y voyaient pas alors une "manœuvre coordonnée".

L'IA et les municipales : le prochain défi

La menace ne faiblit pas et se prépare déjà pour les prochaines échéances. Anne-Sophie Dhiver, directrice adjointe de Viginum, a prévenu lors d'une table ronde au Sénat que les élections municipales des 15 et 22 mars 2026  "seront visées" et font "d'ores et déjà l'objet de tentatives de déstabilisation".

Les techniques se modernisent. Le groupe Storm-1516 a de nouveau été repéré en octobre derrière la création de "centaines de sites générés par intelligence artificielle".

Un tiers de ces sites usurpait l'identité de médias régionaux pour diffuser des "récits alternatifs" dans l'opinion. Ces faux sites d'information donnent un avant-goût inquiétant des futures campagnes.

Comme l'a conclu Mme Dhiver, "nous devons collectivement nous préparer à faire face à un durcissement de la menace informationnelle".