Une nouvelle analyse de l'ONG Transport & Environment, basée sur les données de 127 000 véhicules, révèle une vérité dérangeante. Les voitures hybrides rechargeables émettent en réalité presque cinq fois plus de CO2 que les tests officiels ne le prétendent, remettant en cause leur statut de véhicule "propre" et leur intérêt économique pour les conducteurs.
Au cœur des stratégies de décarbonation du parc automobile européen, les véhicules hybrides rechargeables (PHEV) bénéficient d'une image de transition douce.
Les constructeurs automobiles font d'ailleurs pression pour qu'ils soient considérés comme neutres en carbone dans le cadre de l'approche dite de "neutralité technologique".
Cette classification leur permettrait de continuer à être commercialisés après l'échéance de 2035, date butoir pour la vente de véhicules thermiques neufs. Pourtant, une étude approfondie basée sur des données d'utilisation réelles vient jeter un pavé dans la mare.
Des émissions réelles aux antipodes des tests officiels
Le verdict est sans appel. Selon une analyse se fondant sur les données de l'Agence européenne de l'environnement, les PHEV émettent en moyenne 135 grammes de CO2 par kilomètre.
Ce chiffre, bien que légèrement inférieur aux 166 g/km des voitures essence et diesel, ne représente qu'une modeste réduction de 19%. Le décalage majeur se situe par rapport aux tests d'homologation : les émissions de CO2 en conditions réelles sont près de cinq fois plus élevées que les valeurs annoncées par le cycle officiel WLTP.
Cette différence s'explique par une consommation de carburant bien plus importante qu'escompté. Alors que les tests suggèrent une consommation d'environ 1,5 litre aux 100 km, les capteurs embarqués sur des milliers de véhicules révèlent une moyenne de 5,9 l/100 km. La promesse d'un véhicule vertueux s'effrite face à la réalité du terrain.
Pourquoi un tel décalage entre la théorie et la pratique ?
Plusieurs facteurs techniques et comportementaux expliquent cette performance décevante. D'abord, l'autonomie des batteries, souvent limitée à 40 ou 50 kilomètres, impose des recharges très fréquentes que tous les conducteurs n'effectuent pas.
Par conséquent, ces voitures roulent majoritairement en mode thermique, un mode où elles se révèlent moins efficaces qu'un véhicule thermique classique en raison du poids supplémentaire de la batterie.
De plus, une "consommation cachée" a été mise en évidence. Même lorsque le véhicule est en mode électrique, le moteur thermique est régulièrement sollicité. Les moteurs électriques intégrés aux PHEV manquent souvent de puissance pour affronter des vitesses élevées ou des pentes importantes.
Le moteur à combustion vient alors en renfort, fournissant de la puissance sur près d'un tiers de la distance parcourue en mode "zéro émission". En moyenne, cela se traduit par une consommation de 3 litres d'essence aux 100 km et 68g de CO2/km, même en mode électrique, soit 8,5 fois plus que les chiffres officiels.
Un surcoût inattendu pour le portefeuille et la planète
Cette surconsommation de carburant n'est pas sans conséquence pour les automobilistes. L'étude chiffre le surcoût annuel moyen à 500 euros par rapport aux estimations basées sur les cycles de test.
Une somme non négligeable qui s'ajoute à un prix d'achat déjà supérieur à celui d'un véhicule 100% électrique. Paradoxalement, la tendance à augmenter la taille des batteries pour offrir une plus grande autonomie électrique aggrave le problème. Ces PHEV plus lourds consomment encore plus de carburant une fois la batterie vide.
Certains modèles affichent des écarts spectaculaires entre les données officielles et la réalité. C'est le cas de Mercedes-Benz, dont les PHEV émettraient en moyenne 494% de CO2 en plus que déclaré, avec un pic à 611% pour sa classe GLE.
Face à ce constat, l'ONG Transport & Environment alerte les législateurs européens contre un assouplissement des règles. Maintenir des objectifs stricts pour les constructeurs est essentiel pour ne pas saborder les investissements dans les véritables véhicules zéro émission et orienter durablement le marché vers des solutions réellement propres et abordables.