La start-up VoltAero, spécialiste de l'avion hybride avec son modèle Cassio 330, est placée en redressement judiciaire. Le pionnier de l'aviation décarbonée, basé à Rochefort, subit les conséquences de la défaillance de son investisseur ACI Group.

Le PDG Jean Botti se bat pour trouver de nouveaux financements et sauver les 35 emplois, alors que le projet semblait aller bon train avec un bon carnet de commandes.

Fondée en 2017 par d'anciens d'Airbus, VoltAero incarnait l'une des promesses les plus solides de l'aviation décarbonée en France. Installée près de Rochefort, l'entreprise développait le Cassio 330, un appareil hybride-électrique de cinq places qui avait déjà enregistré près de 280 précommandes.

VoltAero Cassio 330 03

L'inauguration de son site d'assemblage en novembre 2024 semblait annoncer un décollage imminent pour une production en série prévue pour 2026. A terme, VoltAero espérait produire jusqu'à 150 avions par an.

L'effet domino d'un partenariat manqué

Le ciel s'est assombri subitement. Le placement en redressement judiciaire, prononcé le 7 octobre par le tribunal de commerce de La Rochelle, est la conséquence directe des déboires d'un partenaire clé : le groupe d'ingénierie français ACI.

VoltAero Cassio 330 04

Cet accord tripartite, annoncé en grande pompe au Salon du Bourget en juin dernier, devait non seulement voir ACI entrer au capital de VoltAero, mais conditionnait aussi un partenariat stratégique avec l'entreprise publique malaisienne SEDC Energy.

De l'euphorie au coup de massue

La mise en redressement judiciaire d'ACI a provoqué un ricochet fatal, gelant les investissements attendus. Pour l'ancien patron de l'innovation d'Airbus, cette procédure est avant tout « la meilleure façon de protéger l'entreprise et les 35 salariés ». Il se dit « victime collatérale » de circonstances imprévisibles.

L'entreprise dispose maintenant d'une période de six mois pour trouver une issue. Jean Botti se démène pour trouver « quelques millions » nécessaires pour faire la soudure et convaincre de nouveaux investisseurs.

Le paradoxe est cruel : le prototype du Cassio 330 serait prêt à sortir des ateliers si les fournisseurs pouvaient être payés. Cette situation met en lumière une critique récurrente du PDG : le manque d'appétence du capital-risque français pour les projets industriels, malgré un soutien public conséquent de la part de l'État et de la Région Nouvelle-Aquitaine.