L’arrivée de la Xiaomi YU7 sur le marché chinois a tout d’un séisme. À peine lancée, la nouvelle voiture électrique du géant de l’électronique a pulvérisé les compteurs, enregistrant en quelques heures des centaines de milliers de commandes fermes.

Un engouement qui s’explique par un prix agressif, des performances de haut niveau et une marque déjà culte auprès des jeunes urbains. Mais derrière cette réussite commerciale se cache un revers de la médaille : des délais de livraison qui s’allongent à perte de vue, provoquant une vague de frustration et de mécontentement chez les acheteurs.

Entre files d’attente interminables, plaintes en série et concurrence à l’affût, le nouveau SUV compact électrique Xiaomi YU7 illustre à la perfection les défis d’un marché électrique chinois en pleine ébullition.

Une demande record qui submerge la production

Jamais une voiture électrique n’avait autant fait parler d’elle en si peu de temps. En l’espace d’une heure, la Xiaomi YU7 a enregistré près de 289 000 réservations, dont 240 000 commandes verrouillées en seulement 18 heures.

Ce raz-de-marée a immédiatement saturé la capacité de production de Xiaomi, qui ne dispose pour l’instant que d’une usine à Pékin, capable de produire 150 000 véhicules par an.

Même avec l’ouverture d’un second site, la marque ne pourra pas répondre à la demande avant 2027 pour certains clients. Résultat, les délais de livraison atteignent des sommets : entre 56 et 60 semaines pour la version standard, 50 à 53 semaines pour la Pro, et 37 à 40 semaines pour la Max, selon les informations officielles. Certains acheteurs évoquent même des délais allant jusqu’à 15 mois pour recevoir leur véhicule, du jamais vu sur le marché chinois.

Des acheteurs frustrés et une communication sous tension

Face à cette attente interminable, la grogne monte chez les clients. Plus de 400 plaintes ont été déposées sur les plateformes de consommateurs, beaucoup dénonçant un manque de transparence sur les délais réels lors de la commande.

Il faut dire que pour réserver une YU7, il fallait s’acquitter d’un acompte non remboursable de 5 000 yuans (590 € environ), sans toujours connaître la durée d’attente exacte.

Ce flou a nourri la frustration, certains craignant même de perdre des avantages fiscaux si la livraison intervient après la fin des exonérations prévues pour les véhicules électriques.

Xiaomi tente de calmer le jeu : son PDG, Lei Jun, a promis de répondre aux questions lors d’un live, mais la marque reste sous pression. Malgré tout, la YU7 continue d’attirer les foules, preuve de l’appétit intact pour les modèles électriques abordables et performants. 

La concurrence réagit, le marché s’adapte

Devant ce succès fulgurant et les files d’attente qui s’allongent, les concurrents de Xiaomi n’ont pas tardé à contre-attaquer. Plusieurs marques proposent désormais de rembourser l’acompte non remboursable des clients Xiaomi s’ils acceptent de basculer vers un modèle concurrent, une stratégie agressive qui vise à capter une partie de la clientèle frustrée.

Cette bataille commerciale met en lumière la férocité du marché chinois de la voiture électrique, où chaque constructeur doit jongler entre innovation, capacité de production et fidélisation des clients.

Xiaomi, de son côté, accélère la construction de nouvelles usines pour tenter de résorber le retard, tout en promettant des facilités de paiement et des offres attractives pour garder la main.

Mais la question demeure : la marque saura-t-elle transformer cet engouement en succès durable, ou risque-t-elle de voir une partie de sa clientèle s’évaporer au profit de rivaux plus réactifs ? 

Un marché électrique sous haute tension

L’affaire Xiaomi YU7 révèle un paradoxe : jamais la demande pour les voitures électriques n’a été aussi forte, mais jamais les limites de la production n’ont été aussi visibles.

Les délais record imposent aux acheteurs un choix cornélien : patienter de longs mois pour un modèle très attendu, ou céder aux sirènes de la concurrence, parfois disponible plus rapidement.

Tesla en fait les frais avec son pickup électrique Cybertruck, objet de très fortes réservations à son annonce mais mis en production avec plusieurs années de retard et qui n'a pas rencontré la demande réelle espérée initialement.

Cette situation met aussi en lumière l’importance stratégique de la capacité industrielle dans la guerre des électriques. Xiaomi doit maintenant prouver qu’elle peut tenir la cadence sur la durée. Les prochains mois seront décisifs pour la marque, qui joue gros sur sa réputation et sa capacité à fidéliser une clientèle exigeante.