Dans un marché de l'IA largement dominé par Nvidia et soumis à de fortes tensions géopolitiques, l'émergence d'alternatives locales en Chine est scrutée de près.

C'est dans ce contexte que la société Zhonghao Xinying, fondée par un ex-ingénieur de Google et aussi connue sous le nom de CL Tech, a officialisé la mise en production de masse de sa propre puce Ghana, un processeur de type TPU (Tensor Processing Unit) conçu pour les charges de travail liées à l'intelligence artificielle.

Une performance qui interpelle

La start-up avance des chiffres précis qui ont de quoi attirer l'attention. Sa puce Ghana offrirait une performance de calcul 1,5 fois supérieure à celle de la fameuse puce IA A100 de Nvidia, tout en réduisant la consommation énergétique de 30 % pour des tâches équivalentes.

Nvidia A100 accelerateur IA

Si la A100 (architecture graphique Ada Lovelace) n'est pas toute récente puisqu'elle date de 2020, elle reste une référence et une puce encore très recherchée sur les marchés soumis aux embargos américains.

Il faut noter que la Ghana est un ASIC (Application-Specific Integrated Circuit), une puce spécialisée et optimisée pour des tâches très spécifiques, comme l'entraînement de réseaux de neurones.

Contrairement aux GPU qui sont plus polyvalents, les ASIC comme les TPU de Google peuvent atteindre une efficacité redoutable sur leur créneau, ce qui expliquerait de tels gains de performance et d'efficience énergétique.

Un écosystème entièrement souverain ?

L'un des aspects les plus stratégiques de cette annonce réside dans le caractère entièrement propriétaire de la technologie. Cette ambition est incarnée par son fondateur, Yanggong Yifan, un ancien ingénieur de Google qui a directement contribué au développement des TPU v2, v3 et v4.

Google Ironwood TPU

Fort de cette expérience, il a conçu une architecture qui ne dépendrait d'aucune licence technologique étrangère.

Du cœur IP au jeu d’instructions, en passant par la pile logicielle, tout l'écosystème serait développé en interne. Ce contrôle total est un atout majeur dans la quête de souveraineté technologique de la Chine.

La puce serait déjà produite en masse via un processus de gravure en 12 nm, une technologie mature et accessible pour l'industrie chinoise, bloquée sur la gravure ultrafine par les restrictions américaines.

Au-delà de la puce, une stratégie globale

Zhonghao Xinying a également dévoilé Taize, un cluster de calcul à grande échelle capable de relier 1024 puces Ghana pour l'entraînement de modèles de fondation à plusieurs milliards de paramètres. Cette approche intégrée montre une volonté de proposer une solution complète, capable de rivaliser avec les infrastructures existantes.

Cette initiative s'inscrit dans un mouvement plus large où le monopole de Nvidia est de plus en plus contesté, y compris en Occident avec Google qui vend désormais ses propres TPU à des tiers comme Meta.

Nvidia Blackwell TSMC USA Arizona

Pour un marché chinois privé des dernières générations de puces, une solution comme Ghana, même si elle reste loin des performances des récents GPU Blackwell de Nvidia, pourrait s'avérer largement suffisante et surtout, immédiatement accessible.

L'enjeu n'est pas tant de battre les puces les plus récentes, mais bien de fournir une alternative viable et souveraine là où l'accès à la technologie occidentale est de plus en plus restreint.

La start-up, qui prévoit une introduction en bourse d'ici 2026, a déjà une feuille de route pour sa prochaine génération de TPU, laissant entrevoir une course pour combler l'écart avec les leaders du secteur.