L'arrivée des processeurs ARM dans les serveurs, dominés par l'architecture x86 d' Intel, n'est plus une vue de l'esprit et plusieurs fabricants de serveurs n'ont pas caché leur intérêt pour cette déclinaison qui permettrait de répondre à des besoins spécifiques mais il manquait encore quelques ingrédients.

L'architecture 32 bits traditionnelle chez ARM, suffisante pour des processeurs pour téléphones portables ou tablettes tactiles, restait un facteur limitant pour une exploitation dans des produits nécessitant de grosses capacités de traitement de données.

L'arrivée de l'architecture ARM Cortex-A15, en 32 bits mais optimisant certains éléments comme l'adressage mémoire et la virtualisation, est un premier pas vers des architectures capables de soutenir de plus grosses capacités de calcul.

En dévoilant son nouveau jeu d'instructions ARMv8, la société britannique s'ouvre au traitement 64 bits tout en gardant les fondations 32 bits du jeu ARMv7 sur lequel reposent les architectures ARM Cortex-A9 et A15.

Cette capacité à gérer les deux états d'exécution AArch64 et AArch32 permettra d'exploiter le jeu d'instruction ARMv8 dans des produits très divers, des capteurs aux serveurs en passant par les produits mobiles tout en offrant une grande cohérence dans la plate-forme, indispensable pour assurer un interopérabilité optimale et conserver tous les développements annexes de ARMv7.


Ouvrir des opportunités sans rompre avec l'existant
ARM travaille déjà avec des éditeurs tiers pour assurer la compatibilité des environnements de développement avec ARMv8 et faciliter le développement rapide de l'écosystème. Il s'agit notamment de convaincre sur un terrain où Intel est très largement présent et possède un important soutien de l'industrie, sans créer de cassure avec ses propres alliés.

Avoir Microsoft comme nouveau partenaire ne sera bien sûr pas sans conséquences pour le succès d'une présence de ARM sur les architectures 64 bits. Et si l'objectif n'est pas d'être présent sur tous les segments des serveurs, l'arrivée de cette compatibilité va permettre d'élargir le spectre et de monter en gamme.

ARM peut ainsi conquérir l'espace des serveurs à faible consommation d'énergie dédiés aux usages du Net ( réseaux sociaux en tête ), avec la possibilité de monter en gamme par la suite, tout en mettant en avant l'aspect énergétique.

On notera qu' Intel, tout en affichant une posture confiante, travaille sur des adaptations de ses plates-formes Xeon et Atom pour être présent sur ce créneau des serveurs dédiés basse consommation. Il serait risqué de laisser ARM s'installer sur ce marché de niche qui pourrait lui servir de point d'entrée avant une tentative d'occupation plus large du secteur.