Le mouvement de consolidation dans le secteur des semiconducteurs se confirme : le groupe Broadcom a annoncé vouloir faire une offre sur Qualcomm, spécialiste des puces de communication, pour un montant de 70 dollars par action, soit un total de 130 milliards de dollars, décomposé en 103 milliards de dollars d'apport et 25 milliards de dollars de dette.

Le montant de 70 dollars par action représente une surcote de 28% par rapport au cours de Qualcomm du jeudi 2 novembre, avant l'émergence des premières informations concernant le deal.

Les cours des deux entreprises ont continué de progresser après cette annonce mais une telle acquisition, en plus de représenter un montant record, va sans doute poser plusieurs difficultés.

Tout d'abord, Qualcomm est déjà engagé dans un rapprochement avec NXP Semiconductors, pour une transaction de 39 milliards de dollars permettant de s'inviter sur le segment des composants pour véhicules connectés / autonomes mais qui pose des problèmes concurrentiels retardant sa finalisation.

Ensuite, Broadcom et Qualcomm ont une bonne partie de leurs activités qui se recoupent, notamment en matière de composants WiFi et Bluetooth. Leur fusion va conduire à réunir deux poids lourds du secteur dans les puces sans fil et contribuer à créer un géant qui risque de déséquilibrer le jeu de la concurrence.

Enfin, Qualcomm est la cible de multiples investigations des régulateurs pour abus de position dominante via sa politique agressive de licensing, et en plein litige avec Apple sur des droits de licence, ce qui a conduit à fragiliser ses bénéfices sur le troisième trimestre 2017 et à inquiéter les investisseurs du fait de l'issue incertaine de cette affaire.

Pour Broadcom, racheter Qualcomm serait une opportunité pour accéder à des marchés comme celui des processeurs ARM pour appareils mobiles (mais aussi pour serveurs et ordinateurs portables, tendances plus récentes) et à une solide propriété intellectuelle qui représente un tiers de l'activité de la firme de San Diego.

C'est aussi un moyen de se réimplanter fermement sur le sol américain après son rachat par Avago Technologies en 2015 et le retour de de son siège social de Singapour aux Etats-Unis, comme l'a annoncé son CEO Hock Tan en tout début de mois.