Présentation Qualcomm

Qualcomm logo Parmi les géants des semiconducteurs présents lors du salon Mobile World Congress 2009 de Barcelone, qui s'est tenu au mois de février, il y en avait un qui ne manquait pas d'annonces sur tous les fronts, du téléphone portable jusqu'aux netbooks en passant par les réseaux cellulaires à très haut débit.

Le fondeur fabless américain Qualcomm a en effet dévoilé une solide stratégie mobile reposant pour une bonne partie sur sa plate-forme SnapDragon, qui promet de la vraie mobilité, avec la présentation des premières réalisations concrètes, mais aussi en révélant un partenariat avec Nokia alors même que les deux sociétés se sont affrontées ces dernières années sur des questions de droits de licence et de brevets.

Qualcomm est une grosse machine au chiffre d'affaires de 11 milliards de dollars et dotée d'un effectif de plus de 15.000 employés qui a su s'imposer dans le domaine des chipsets mobiles, jusqu'à ravir la première place à son concurrent Texas Instruments. Ses plates-formes MSM ( Mobile Station Modem ) sont désormais présentes dans de nombreux PDAPhones et smartphones du marché, en attendant l'arrivée de l'architecture SnapDragon, déjà présente dans le  smartphone Toshiba TG01.


Une importante activité de licensing
Mais la société possède aussi dans son activité une branche de services et ingénierie et un gros pôle de gestion de ses brevets ( pas moins de 52.000 brevets validés ou en cours ), avec des politiques de licensing parfois critiquées pour ses contraintes ou les montants des royalties demandées. Il faut dire qu'il lui arrive de surfer à la limite de la légalité pour mettre la pression sur ses concurrents ou faire avancer ses projets, lui valant parfois quelques commentaires acerbes sur ses pratiques.

Qualcomm dispose également d'un fonds d'investissement stratégique visant à aider les jeunes pousses les plus prometteuses à mener à terme leurs projets, lui permettant par la suite d'en tirer parti. Sa branche européenne, Qualcomm Ventures Europe, a d'ailleurs été créée en 2007 avec une mise de 100 millions d'euros.

Présente à peu près dans tous les domaines de la téléphonie mobile ( plates-formes mobiles, technologies sans fil, réseaux mobiles, modules embarqués... ), Qualcomm est aussi capable d'inventer ses propres technologies et de les porter à bout de bras pour en faire des standards internationaux, pas toujours avec succès.


Des technologies mobiles mises en avant
Elle avait ainsi développé l' UMB ( Ultra Mobile Broadband ), une évolution des réseaux 3G CDMA2000 concurrente de LTE et du WiMAX et qui est allée jusqu'au stade de la certification internationale avant d'être abandonnée, les opérateurs s'étant tournés massivement vers LTE. Un domaine dans lequel elle peut aussi jouer un rôle car elle détient des brevets essentiels sur la technologie UMTS.

Du côté de la TV Mobile, Qualcomm a également développé sa propre technologie, baptisée MediaFLO, qui est venue se confronter à d'autres formats, comme le DVB-H ou le T-DMB. Contrée en Europe par Nokia, fervent soutien du DVB-H, la technologie MediaFLO est utilisée sur un réseau de diffusion aux Etats-Unis et tente de séduire certains opérateurs en Asie du Sud-Est.

Qualcomm est aussi à l'origine d'une nouvelle technologie d'affichage, Mirasol, qui pourrait remplacer les écrans LCD et se caractérise par une très faible consommation d'énergie. La société espère l'imposer en tant qu'affichage secondaire dans les téléphones portables pour y afficher certaines informations, comme les alertes de réception de message, sans avoir à activer l'écran principal.

Et bien sûr, Qualcomm bataille rudement dans le domaine des chipsets mobiles pour smartphones, avec d'une part ses processeurs MSM mais désormais aussi sa plate-forme SnapDragon, en laquelle sont mis beaucoup d'espoirs.

Qualcomm SnapDragon

SnapDragon logo SnapDragon est la nouvelle arme fatale de Qualcomm dans le domaine des plates-formes mobiles. Fruit de plusieurs années de développement consacrées à bâtir une architecture offrant souplesse et puissance tout en préservant l'autonomie, elle est présentée comme une petite révolution pour les appareils mobiles.

La philosophie qui sous-tend la plate-forme SnapDragon est de mettre en place une architecture matérielle permettant de profiter vraiment des appareils mobiles sans devoir surveiller sans cesse la jauge de la batterie.


Pour des appareils connectés toute la journée
Toshiba TG01 01 Cela signifie pouvoir utiliser toutes les fonctionnalités des appareils, et notamment en laissant les connectivités sans fil activées, tout en garantissant une vraie journée d'autonomie. A cela s'ajoutent des performances graphiques avancées, le support de hautes résolutions, du décodage audio et vidéo et un fonctionnement sur les principales plates-formes mobiles telles que Windows Mobile ou Linux.

Dans les premières configurations offertes par les chipsets SnapDragon, on notera la présence d'un processeur cadencé à 1 GHz, épaulé par une puce DSP à 600 MHz et une plate-forme capable de supporter les principales connectivités sans fil WiFi, Bluetooth et GPS, par l'intermédiaire de la solution gpsOne.

SnapDragon est capable de décoder de la vidéo en 720p et propose des capacités graphiques lui permettant de gérer jusqu'à 22 millions de triangles par seconde et 133 millions de pixels 3D par seconde, tout en supportant des résolutions jusqu'au XGA ( 1024 x 768 pixels ), des capteurs photo jusqu'à 12 Megapixels et différents formats de TV Mobile ( MediaFLO, DVB-H, ISDB-T ).

L'un des premiers appareils à bénéficier de SnapDragon sera bien sûr le smartphone Toshiba TG01, et d'autres devraient suivre. les groupes taiwanais HTC et Acer ont déjà annoncé leur intention d'utiliser cette plate-forme dans de prochains terminaux.


Une plate-forme pour smartphones et netbooks
Mais ce n'est qu'une première étape puisque Qualcomm a déjà annoncé l'existence d'une plate-forme SnapDragon double coeur pour un usage dans des netbooks ou des MID ( Mobile Internet Devices ) qui ira encore plus loin.

Elle repose sur un processeur double coeur cadencé à 1,5 GHz et gravé en 45 nm pour assurer performances et faible consommation d'énergie, et supportera des résolutions WSXGA ( 1440 x 900 pixels ) avec décodage vidéo en 1080p, capacités graphiques avancées ( gestion de 80 millions de triangles par seconde ou plus de 500 millions de pixels 3D par seconde ) et le support de la connectivité cellulaire HSPA+, offrant des débits de 28 Mbps descendants et 11 Mbps montants.

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Ecran extra large pour afficher une page Web tout en laissant de la place pour
la messagerie instantanée

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Avec cette plate-forme mobile, Qualcomm est en mesure de rivaliser avec Intel et son processeur Atom dans le domaine des netbooks et des MID et n'a pas caché son ambition de jouer prochainement sur ce terrain, d'autant plus que SnapDragon peut fonctionner avec Google Android, système qui ne devrait pas tarder à équiper des netbooks.

Tout ceci doit permettre de réaliser la vision de vrais produits mobiles, fonctionnant sans interruption toute une journée, avec des épaisseurs de moins de 2 cm, sans système de ventilation bruyant et avec peu de surchauffe. quelques prototypes de Wistron et d'Inventech étaient d'ailleurs visibles sur le stand de Qualcomm à Barcelone.

Pas moins de 15 fabricants ont choisi SnapDragon comme plate-forme de développement et une trentaine de produits sont en cours de réalisation. Le second semestre 2009 devrait donc être riche en annonces.

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Netbook à affichage pivotant sous Qualcomm SnapDragon

 

Alliance avec Nokia, smartphones à bas coût

Au-delà de la plate-forme matérielle SnapDragon sur laquelle Qualcomm fonde beaucoup d'espoirs, le fondeur a fait plusieurs annonces importantes dont une de nature à modifier l'équilibre du marché. Après des années de lutte sur la question des brevets et des royalties qui y sont associées, avec plusieurs procès à la clé, c'est un partenariat en bonne et due forme qui a été signé avec Nokia.

Profitant d'une volonté de diversification des fournisseurs pour les différentes plates-formes mobiles des téléphones Nokia, Qualcomm s'est ainsi engouffré dans une brèche qui lui ouvre des possibilités de commercialisation de millions de chipsets mobiles.

Jusqu'à présent plutôt fidèle à Texas Instruments, Nokia a commencé à faire jouer la concurrence sur toutes les plates-formes : GSM / EDGE, 3G et HSPA. C'est dans ce cadre que s'est mise en place une coopération pour la conception des smartphones Symbian de nouvelle génération, avec une concrétisation d'ici mi-2010, ce qui suggère l'utilisation de modem à très haut débit mobile, comme HSPA+ ou LTE.

L'accord repose sur l'utilisation des plates-formes MSM7xxx et MSM8xxxx et les terminaux qui en découleront seront compatibles avec le système d'exploitation de la Symbian Foundation.

Cet accord confirme la domination des processeurs mobiles de Qualcomm, devenu leader du marché en passant devant Texas Instruments en 2007.  Il y a  toutefois depuis un concurrent de poids avec ST-Ericsson, nouveau géant européen bien décidé à s'imposer.


Une plate-forme pour des smartphones à bas coût
Et si le fondeur américain est surtout connu pour ses plates-formes milieu et haut de gamme, il sait aussi s'adapter à la demande, comme en témoigne l'annonce de son chipset MSM7227 qui peut servir de base pour la création de smartphones  coûtant moins de 150 dollars, pouvant être commercialisés notamment sur les marchés émergents.

Des pays comme la Chine et l'Inde se sont lancés dans la création de réseaux 3G, ce qui ouvre des débouchés pour une plate-forme permettant de créer des smartphones abordables.  La plate-forme de Qualcomm peut fonctionner avec les principaux systèmes d'exploitation mobiles : Symbian S60, Windows Mobile, Google Android ou BREW.

Elle se compose d'un processeur 600 MHz accompagné d'une puce DSP 320 MHz, d'un accélérateur graphique, du support du Bluetooth 2.1 et du GPS et des capteurs photo jusqu'à 8 megapixels, le tout dans une empreinte de 12 x 12 mm. D'autre part, les fabricants intégrant déjà des chipsets MSM7xxx pourront sans difficulté adapter leur production.

Qualcomm prévoit une disponibilité de sa plate-forme MSM7227 plus tard dans l'année, permettant d'envisager des produits dès la fin 2009 ou le début 2010.