L'enchère pour les brevets mobiles de l'équipementier télécom canadien Nortel, qui a commencé avec une première proposition de Google à 900 millions de dollars, s'est terminée par une alliance de sociétés pour barrer la route au géant de la recherche, quitte à y laisser finalement 4,5 milliards de dollars.

Devant cette évolution, d'autres détenteurs de gros portefeuilles de brevets dans l'industrie mobile ont vite compris qu'ils pourraient peut-être tirer avantage de leur propriété intellectuelle.  C'est ainsi que la société InterDigital, qui cultive les royalties de milliers de brevets, a laissé entendre qu'elle pourrait céder prochainement une partie de cette ressource.

Cette perspective a séduit les investisseurs et la société, dans l'espoir de voir une nouvelle poussée de fièvre chez les fabricants et éditeurs de plates-formes mobiles, a commencé à prospecter auprès d'acheteurs potentiels, en espérant un même scénario que dans le cas de Nortel, avec Google cherchant à obtenir les brevets et d'autres sociétés faisant tout pour l'en empêcher.


Des brevets toujours stratégiques, mais...

L'annonce du rachat de Motorola Mobility ( et surtout de ses brevets ) par Google pour 12,5 milliards de dollars assombrit fortement la perspective d'une montée des enchères au-delà de niveaux raisonnables. Certes, Google peut toujours se porter candidat mais la pression sur les brevets mobiles est désormais bien moins forte, ce que les investisseurs ont bien compris, faisant chuter le cours en bourse d' InterDigital de 23% ce lundi.

Certains des brevets d' InterDigital sont essentiels aux technologies mobiles et ne peuvent être contournés, ce qui n'écarte pas la possibilité que Google tente sa chance, mais le contexte est maintenant bien différent, le géant de la recherche ayant désormais accès aux milliers de brevets de Motorola pour défendre la cause d' Android auprès de ses différents partenaires, et ce d'autant plus que la société s'est montrée rassurante sur ses intentions vis à vis de sa nouvelle acquisition.

Les déclarations de soutien à Android se sont donc multipliées même si beaucoup d'analystes estiment que cette initiative montre la puissance de Google sur l'écosystème et une nouvelle fois sa capacité à adapter rapidement sa stratégie, au risque de surprendre ses partenaires.

On avait pu le constater en 2010 quand les opérateurs mobiles s'étaient montrés méfiants vis à vis de Google, craignant de voir le groupe empiéter sur leurs terres ( les tuyaux ). On l'avait observé aussi en 2009 quand le groupe avait inauguré son premier Superphone, le Nexus One, faisant craindre aux fabricants une percée en tant que constructeur d'appareils mobiles, et aux opérateurs un système de distribution en ligne les éloignant de leur clientèle.

Le rachat de Motorola réactive naturellement ces craintes de voir Google investir de nouveaux domaines aux dépens de ses partenaires d'hier. De son côté, Google réaffirme sa volonté de maintenir un écosystème fort et donc de soutenir les acteurs misant sur sa plate-forme Android, devenue le premier OS pour smartphones en part de marché depuis le début de l'année.