L'équipementier chinois Huawei Technologies fait régulièrement l'objet de critiques et d'accusation d'espionnage industriel, notamment du côté de la presse anglo-saxonne. Son positionnement sur le segment stratégique des équipements télécoms, les relations étroites connues de son dirigeant avec le gouvernement chinois et le poids grandissant de cet acteur dans les télécoms ont tendance à créer des zones d'ombre jugées inquiétantes.

Et ce d'autant plus que Huawei tente de percer aux Etats-Unis, conduisant le pays à des manoeuvres protectionnistes. Sa tentative de rachat de l'équipementier réseaux 3Com a été bloquée en 2008, cette activité étant jugée trop sensible, tandis la branche équipementier de Motorola vient d'être reprise par Nokia Siemens Networks alors que Huawei semblait être dans la course.

Dans d'autres pays aussi, comme l' Inde ou l' Australie, la méfiance est de mise quand l'équipementier chinois tente une opération d'importance. Cette réputation sulfureuse se traduit aussi parfois par des plaintes.


La plainte de Motorola contre Huawei relancée

C'est le cas justement de Motorola qui a déposé une plainte en 2008 contre Huawei, et réactivée récemment, l'accusant de lui avoir volé des secrets industriels par l'intermédiaire d'un revendeur, Lemko, lui permettant de copier les équipements pour les vendre à son tour.

Plusieurs ingénieurs de Motorola auraient fourni des informations dont la teneur ne laissait aucun doute sur leur caractère confidentiel et en violation de l'accord de confidentialité  que les  salariés de Motorola doivent signer à leur embauche. Ces mêmes ingénieurs auraient ensuite quitté Motorola pour fonder Lemko, devenu un fournisseur de Huawei.

L'équipementier chinois dément formellement toute implication et affirme que les accusations sont sans fondement. Il sera de toute façon difficile d'y voir clair dans ce type d'affaire, estiment les observateurs.

Il reste que cette plainte est remise opportunément en lumière alors que Huawei tente de vendre ses équipements à l'opérateur Sprint Nextel, avec l'espoir de trouver une porte d'entrée sur le marché nord-américain. Ces nouveaux soupçons pourraient faire réfléchir à deux fois ses éventuels partenaires.