L' Idate ( Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe ) vient de publier sa synthèse annuelle sur le marché du numérique et pose la question de l'arrivée de Free Mobile en tant que quatrième opérateur sur le marché français, alors que " la situation du secteur des télécommunications en Europe est médiocre et même plutôt alarmante ".

Tout en reconnaissant que les consommateurs vont y gagner à court terme, l'Institut s'inquiète de l'effet sur les investissements, avec le risque d'une guerre des prix et " un recul violent des revenus du secteur et des marges des opérateurs ".

Certains observateurs, comme le cabinet conseil Roland Berger, ont même chiffré ce reflux pour le marché télécom français à 6 milliards d'euros. L'Idate s'interroge également sur la pertinence du nombre d'acteurs : " il va falloir suivre la situation qui résulte en France de l'entrée d'un quatrième opérateur, qui nous paraît largement à contre-cycle. Il nous semble que l'heure est plutôt à la consolidation comme on l'observe aux Pays-Bas et au Royaume-Uni ".

Curieusement, la présence de quatre opérateurs sur un marché ne choquait personne il n'y a pas si longtemps, alors qu'un marché à trois acteurs était perçu comme insuffisamment concurrentiel et à plus de quatre comme trop dilué.

Mais l'Idate s'inquiète plutôt des effets à long terme d'une guerre des prix trop sévère pour le marché télécom au sens large, où tous les intervenants y seraient perdants : " les opérateurs européens sont déjà nettement en retrait des opérateurs nord-américains ou asiatiques dans leur effort d'investissement. Il est probable que, d'ici à 2020, les réseaux en fibre optique ne desserviront qu'à peine plus de la moitié des Européens. "

D'où un appel aux pouvoirs publics pour ne pas négliger ces évolutions du marché et accompagner les acteurs dans cette transition. Il y a ici une volonté de ne pas laisser les opérateurs devenir de simples fournisseurs de tuyaux soumis aux exigences des éditeurs de plates-formes et fabricants de terminaux ( sous-entendu, Google, Apple, Microsoft... ) qui seraient seuls à tirer les bénéfices de la croissance de l'économie numérique, profitant de l'affaiblissement des opérateurs télécoms européens.

Source : Idate