L'IVG sur Internet : un sujet complexe

Techniquement, le gouvernement français n'a pas les moyens d'imposer le déréférencement d'un site de Google qui ne viole aucune loi. Le même constat s'applique pour imposer à Google de faire redescendre dans le classement de ses résultats de recherche un site qui n'est pas condamnable légalement.

C'est donc par des mesures détournées que le gouvernement cherche à faire tomber le premier site renvoyé par Google lorsque l'on tape le terme "IVG" dans la boite de recherche. Et pour cause : le premier site mis en avant par Google est justement un site anti-IVG.

Pour y parvenir, le gouvernement demande aux internautes de cliquer sur son site d'information sur l'interruption volontaire de grossesse, afin que ce dernier reprenne la première place au classement de Google. L'objectif serait ainsi de lutter contre la désinformation sur l'IVG en mettant en avant le site www.ivg.social-sante.gouv.fr.

ivg

Le site pointé du doigt avait déjà été dénoncé en 2012 pour partager des informations trompeuses aux visiteurs sur un sujet sensible, tout en profitant de la détresse des visiteurs pour imposer son message.

Le gouvernement ne maitrise pas le fonctionnement de Google

L'issue du combat est connue d'avance : le seul fait de cliquer sur le site du gouvernement n'y changera rien, puisqu'il suffira au site anti-IVG de payer Google pour maintenir sa position. Le fonctionnement de l'algorithme de Google est volontairement maintenu opaque, et seul le travail sur le SEO permet de faire évoluer son PageRank.

Plus que les clics, le gouvernement aura plutôt intérêt à faire parler de lui, avec un lien direct de son site au coeur des gros médias, ceux qui ont le plus de poids dans le pays. Rien que notre propre lien aura plus d'impact sur l'évolution du Page Rank du site du gouvernement sur l'IVG que des dizaines de milliers de clics ou de partages Twitter d'anonymes.

Le gouvernement a, par ailleurs, une partie des cartes en main pour mener son combat seul, simplement en multipliant les liens vers son site depuis les sites des autres ministères, puisque l'indice de confiance des sites de l'Etat explose littéralement les plafonds de Google.

Une carte à jouer lors de la modernisation des services du gouvernement

L'autre carte à jouer se fera lors de l'étape de modernisation des services de l'État et la refonte des sites du Gouvernement : Google apprécie plus particulièrement les sites clairs et bien construits, compatibles avec les navigateurs mobiles et exploitant le HTML 5. L'utilisation des balises a également son importance, particulièrement si le gouvernement faisait l'effort de renseigner le terme "IVG" dans sa "balise" h1 par exemple afin d'en désigner l'importance capitale dans la thématique débattue au coeur du texte qui suit. ( A titre de comparaison, à l'heure actuelle le terme IVG est dans une balise h2 dans le titre de la page "Campagne d'information sur l'IVG").

Marisol Touraine a assuré que le gouvernement a prévu de réviser l'architecture de ses différents sites afin d'obtenir plus de visibilité sur Google dans un avenir proche.