Marque de fabrique

Outre sa difficulté parfois rebutante, la série des Shin Megami Tensei s'octroie depuis de nombreux épisodes une atmosphère réellement immersive, étrange, pesante. Ceux qui ont pu s'essayer à Shin Megami Tensei : Nocturne (Lucifer's Call) ou encore les deux volets de Digital Devil Saga sauront l'approuver, puisque le contexte prenait résolument place dans un environnement chaotique dérivant aisément sur une approche apocalyptique. Or, la série des Persona se veut plus axée « grand public » dans sa trame et son accessibilité. Après un Persona 3 (accéder au test) suivi d'un Persona FES de grande qualité, Persona 4 arrive finalement en Europe et ce, seulement huit mois après la commercialisation nipponne. Force est de constater que Square Enix - l'éditeur du soft - a  permis une rapidité de localisation bien plus pertinente que Koei.

Ceux et celles qui ont déjà parcouru Persona 3 savent que la série se veut hautement immersive. Si cela s'explique notamment par sa narration exacerbée et originale, c'est surtout du côté de l'implication laissée au joueur qu'Atlus a souhaité s'appuyer. Ce nouvel épisode se focalise d'ailleurs d'avantage sur ce point puisqu'il sera désormais crucial d'atteindre ses buts sur une durée bien délimitée et ce, de façon bien plus complexe et précise, sans pour autant perdre en confort de jeu. Si au premier coup d'œil le concept semble être sensiblement le même que celui de Persona 3, c'est surtout dans l'environnement que l'on y trouvera une certaine nouveauté. Exit donc la métropole de Persona 3 afin de se plonger au plein cœur d'Inaba, une ville provinciale qui, vous vous l'imaginez, ne sera pas exempt de quelques phénomènes paranormaux.

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Ce nouveau volet prendra donc place deux ans après son aîné, soit en 2011. Vous incarnez un jeune homme qui se verra muté dans la ville d'Inaba, chez son oncle Ryotaro Dojima, détective de son état, et sa petite cousine Nanako. En tant qu'étudiant transféré, vous tenterez de faire une nouvelle année scolaire dans le lycée de la bourgade. La structure étant assez grande, il ne sera pas complexe de se tisser quelques relations, à commencer par votre classe. Vous y rencontrerez donc vos premiers contacts sûrs, à savoir Chie (prononcez « Tchié ») et Yosuke, ces derniers ayant des caractères et mimiques similaires à Jumpei et Yukari de Persona 3. Toujours est-il que ces deux compères formeront le noyau dur de votre amitié et par la même occasion du cheminement de l'aventure.

Si la routine pourrait rapidement prendre le dessus lors de la première heure de jeu - puisqu'il s'agit majoritairement de la mise en place narrative qui ne laissera que très peu de choix d'action au joueur -, l'implication vient en temps et en heure de façon pointue et efficace. D'un ordre scénaristique, l'intrigue de base ne tardera pas à se pointer puisqu'elle fait cas de diverses disparitions d'habitants qui se soldent par des meurtres. En effet, les victimes sont retrouvées quelques jours plus tard, gisant sur les antennes de la ville. Si vous apprendrez une grande partie des détails sur cette mystérieuse affaire via le journal télévisé et les rencontres surprises avec les enquêteurs de police aux environs du lieu des crimes, vous serez promptement mêlé directement à cette affaire, du fait de votre aptitude à faire appel à votre persona... Si notre héros ne connaît pas encore son destin tout tracé, ses rêves l'ont mis sur la voie. En effet, les premiers instants de jeux nous placent dans la Velvet Room, lieu bien connu des amateurs de la série, ainsi que l'inquiétant Igor et de sa nouvelle collaboratrice, Margarett. Après avoir entendu une rumeur faisant cas de la Midnight Channel, une chaîne qui permet de percevoir les victimes sur l'écran d'une TV éteinte les jours de pluie, vous vous verrez happés dans un mode parallèle à première vue de mauvaise augure.

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Les coulisses de la vérité

Si dans le monde réel, l'enquête concernant les disparition tend à piétiner, vos premières expériences avec la Midnight Channel vous offrent des indices de choix quant aux victimes qui ont été déclarées disparues quelques jours plus tôt. Ce n'est qu'au cours d'une excursion à Junes - centre commercial au cœur des attentions de la ville - que votre trio tombera dans le mode parallèle en passant directement par l'écran d'un téléviseur d'une galerie marchande. Sur place, les lieux regorgent de brouillard et votre avancée en dit long sur les raisons de ces meurtres. Ce n'est qu'après avoir rencontré Teddie, l'étrange et unique résident de ce lieu lugubre, que vous jugerez l'implication que vous aurez dans cette sombre affaire. C'est armé de paires de lunettes améliorant l'acuité visuelle que vous ferez vos premiers pas dans l'envers du décor, le lieu où les victimes sont confrontées aux Shadows, des ennemis qui se tapissent dans l'ombre de chaque individu.

Contrairement à Persona 3, le monde parallèle ne se résumera aucunement à l'immense tour du Tartarus, mais à divers donjons comportant un nombre d'étages somme toute assez faibles. Chaque environnement sera différent puisqu'il est directement lié à la nature de la victime. Ainsi, il faudra retrouver cette dernière au sein de ses lieux habituels du monde réel. Comme le monde parallèle agit comme un miroir, il ne sera pas difficile de retrouver le lieu à investir. Ce n'est qu'en y pénétrant que le cheminement prend une toute autre tournure. En effet, le jeu passe ainsi en mode combat, affichant aléatoirement les étages et les Shadows. À l'instar de Persona 3, il sera nécessaire de bien visiter les niveaux afin de dégotter des trésors, tout en augmentant son niveau en combattant les ennemis. S'il est toujours possible de prendre l'initiative du combat afin d'avoir un avantage certain dans les tours de jeu, sachez qu'il est nettement moins aisé de parvenir à surprendre les ombres. L'angle de vue plus rapproché offrant une appréciation des distances bien moindre, il ne sera pas rare d'entamer des affrontements en sérieux désavantage.

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Si à terme des sessions, il faudra se confronter aux Shadows des victimes - en tant que boss -, il faut prendre en compte les bases placées par Atlus dans le système de combats. Si ce dernier se présente de façon globalement classique de prime abord, il est important de bien discerner que les fonctions de résistances et de faiblesses forment le cœur de l'issue du jeu. En effet, chaque ennemi rencontré dispose d'une ou plusieurs faiblesses. Tantôt élémentaires, tantôt physiques, ces dernières devront être découvertes afin de mener un affrontement sans se diriger vers un irrémédiable casse-pipe. S'il était possible de procéder à une détection rapide des caractéristiques ennemies dans Persona 3, il faudra désormais faire des tests aléatoires afin de discerner les points faibles, quitte à se casser les dents face à une absorption ou un effet miroir. Ce trait permet notamment de rehausser la difficulté par rapport à l'opus précédent, jugé bien aisé dans sa globalité. Si assurer l'attaque des points faibles des ennemis découlent sur des dégâts significatifs, ils permettent de les faire chuter de façon temporaire, offrant un coup supplémentaire à votre personnage. Il faudra donc user de cette fonctionnalité afin de déstabiliser tous les Shadows à l'écran afin de déclencher une « All-Out Attack », à savoir une charge globale de l'équipe qui entraînera de très lourds dommages.

Évidemment, l'utilisation des pouvoirs des personas est indispensable pour parvenir à remporter les combats. Si vous ne disposez que d'une seule carte au début de l'aventure, vous en glanerez rapidement au fil des combats. Tout comme dans les autres opus de la série, il faudra ensuite passer par la Velvet Room pour qu'Igor puisse procéder à la fusion de vos personas dûment remportées, afin d'en créer de plus puissantes. Il faut néanmoins garder un détail en tête avant de jouer de la fusion : veillez à gardez au moins un persona de chaque attribut élémentaire et ce, afin de faire face à tout type d'ennemis. Comme il est possible de changer de persona une fois par tour, la disposition de chaque élément permettra de ne pas se retrouver le bec dans l'eau dans certaines situations. Le compendium est d'ailleurs toujours présent afin de racheter des cartes déjà acquises par le passé. Quoi qu'il en soit, le principe de fusions se veut nettement mieux expliqué que dans Persona 3, ce qui n'est pas un luxe pour les novices à la série.

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Livin' la vida loca

Fort heureusement, Persona 4 ne se focalisera pas que sur son aspect dungeon-RPG, même s'il en forme une bonne partie du gameplay. À l'instar de son prédécesseur, cette nouvelle aventure permettra de gérer un planning quotidien, offrant au joueur de nombreux choix. Il faudra ainsi mener la vie d'un lycéen, présentant toutes les activités affiliées. Si votre réseau d'amis n'est que très réduit lors des premières heures de jeux, vous serez vite submergé au fil de l'année scolaire, notamment au travers des groupes que vous intégrerez (sport, culture...), ou encore de vos attributs caractériels. Ces derniers pourront être agrémentés au fil du jeu en faisant certaines actions telles qu'étudier ou encore se confronter à des situations remarquables. Cela se mesurera souvent aux choix des réponses. Toute cette partie n'est aucunement à négliger puisqu'elle permet d'établir des Social Links, à savoir des liaisons avec les personas de vos aspirants amis / petites amies. De ce fait, plus vos relations seront stables, plus il sera possible de créer des personas puissants via la Velvet Room.

Vous l'aurez compris, la base du jeu n'est pas réellement modifiée par rapport à Persona 3, seules quelques détails ont été peaufinés afin d'apprécier davantage l'aventure. L'équipement était d'ailleurs souvent la bête noire par le passé, puisqu'il était assez inconfortable de devoir acheter des armes et armures en avance afin de les équiper qu'une fois minuit passé. Désormais, la mise en place de l'arsenal s'effectuera directement depuis la boutique d'armes - particulièrement folklorique -, offrant pour le coup la reprise des anciens articles. Lors de vos combats, vous glanerez d'ailleurs souvent des matériaux. Ces derniers devront être vendus dans le magasin afin que le forgeron fabrique de nouveaux articles - payants, évidemment -. Les yens n'étant pas légion dans cette aventure, il faudra également prendre de son temps pour se faire embaucher à temps partiel et ainsi glaner quelques pièces supplémentaires. Avec ces possibilités fort riches, les joueurs seront souvent déstabilisés, surtout par le fait qu'il faudra agir selon les conditions météorologiques. À contrario du système des lunes de Persona 3, il faudra dans le cas présent avoir un œil avisé sur le temps. Les victimes étant retrouvées mortes le dernier jour de brouillard dans le monde réel, errer hors du monde parallèle trop longtemps ne sera pas de bonne augure. Ainsi, l'équipe de développement a souhaité davantage porter l'accent sur la responsabilité du joueur qui, bien que libre dans ses actions, se doit de forger un planning cohérent entre ses deux vies et ses activités.

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Tout comme son prédécesseur, Persona 4 brille par une qualité artistique de goût, dirigée par le talentueux Shigenori Soejima, réputé pour ses travaux sur les épisodes antérieurs. On retrouve ici la pâte artistique très J-Pop et surtout diablement dynamique. Il suffit de voir le travail apporté au niveau de la réalisation des menus - notamment les animations - pour s'en assurer. Les artworks sont également de grande qualité et surtout particulièrement nombreux et variés. Côté scènes animées, rien n'est à redire puisque la perception oscille entre l'immersion totale et la pure classe esthétique. Bref, un travail de soin a été apporté au soft, même si la modélisation 3D des protagonistes n'est pas des plus sexy à l'heure actuelle. Qui plus est, la version PAL comporte encore le gangréneux mode 50hz qui, bien que légèrement mieux optimisé que dans Persona 3, détruit la dynamique de défilement initiale. Ainsi, nous apercevons d'immondes traînées lors des déplacements, sans parler de certaines animations disgracieuses car hachées. Au rayon des déceptions supplémentaires, nous retrouvons évidemment la non disponibilité des voix japonaises (uniquement en anglais) et l'absence de traduction des textes.

Surplombant son aîné sur plusieurs points, Shin Megami Tensei : Persona 4 assure un travail encore peaufiné. Si nous retrouvons la totalité des subtilités incluses dans le troisième épisode, cette nouvelle aventure s'octroie de nouvelles fonctions telles que la gestion météo qui incite le joueur à se responsabiliser à un planning bien précis tout en ayant une marge de liberté efficace. Oscillant entre la simulation de vie sociale, une trame scénaristique aussi glauque qu'addictive, et un intérêt renouvelé dans le cheminement des donjons du monde parallèle, Persona 4 assure un constat stable, original bien plus efficace que la plupart de ses concurrents actuels. Profitant d'une réalisation visuelle et sonore de qualité, ce quatrième volet confirme le savoir-faire d'Atlus a fournir des RPG qui font honneur au genre.

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Shin Megami Tensei : Persona 4 est disponible à l'achat à partir de 29,80 €.

+ Les plus

  • Excellente prise en main artistique
  • Concept de jeu encore enrichi
  • Meilleure gestion de l'inventaire
  • Combats toujours efficaces
  • Cheminement des donjons moins répétitif
  • Scénario mieux intégré
  • Durée de vie exponentielle

- Les moins

  • La version PAL et son abominable 50hz
  • Absence de voix japonaises
  • Absence de traduction des sous-titres
  • Modélisation 3D désormais moyenne