Un ami bien équipé en VHF/UHF vient de me dire qu'il n'entend plus
grand monde en F sur ces bandes. Il suppose, très certainement à juste
titre, que la raison principale est l'attrait actuel pour les bandes
décamétriques auprès de ceux qui peuplaient jusque là les bandes
au-dessus de 30 MHz.
Mon propos n'est pas un troll sur les avantages et inconvénients - ou
le bien-fondé ou non - de ce changement de réglementation, mais une
tentative d'attirer l'attention sur les risques de délaisser pendant
une période plus ou moins longue des bandes utilisables par les
professionnels.
Je me souviens avoir vu plusieurs fois à l'oeuvre, par le passé, des
camions de TDF dans le but d'établir une cartographie d'occupation du
spectre radioélectrique et je suppose que les grands groupes de
télécom font de même à titre privé.
Il me semble donc que les radioamateurs français courent un risque non
négligeable en délaissant de manière très significative des bandes
dont l'occupation leur appartient (contrairement aux bandes
décamétriques, on remarque beaucoup moins les effets des émissions des
amateurs européens ou même d'autres continents, pour cause de
propagation).
En effet, si une campagne de mesures était lancée dans les semaines et
mois qui viennent, il y aurait fort à parier qu'elle serait largement
profitable à ceux qui souhaiteraient démontrer qu'il y a des
ressources disponibles et éventuellement mieux rentabilisées en les
louant à d'autres utilisateurs que les radioamateurs.
Certes, je vois difficilement l'éviction immédiate des radioamateurs,
mais au moins le reclassement des bandes en statut partagé et le
développement de signaux pas forcément puissants, mais de plus en plus
nombreux et gênants pour des communications du service amateur.
Rien ne prouve non plus que la démarche soit limitée à la France. A
l'heure de l'Europe, ont peut envisager une action européenne des
industriels qui auraient des services à proposer à partir de telles
bandes de fréquences. Les transmissions de données diverses et variées
et les loisirs constituent un marché très important. Il y a eu le vol
libre avec une tolérance sur une seule fréquence accolée à la bande
144 MHz, ce qui est une incitation à l'utilisation de matériel
radioamateur malgré la réglementation qui l'interdit, il y a eu les
LPD, télécommandes et casques sans fil sur 433 MHz, il y aura bien
d'autres types d'utilisations du même ordre et beaucoup moins
confidentielles, époque de la communication tout azimuth oblige.
Je ne cherche pas ici à culpabiliser les F1/F4 qui viennent à peine de
découvrir les bandes HF. Ils sont dans leur bon droit. Par contre,
ceux qui parmi eux sont bien équipés pour trafiquer en 144 et 432,
donc en SSB, CW, modes numériques en point à point (et au-delà des
communications de café du commerce locales en direct ou via relais en
utilisant une antenne indigne d'un radioamateur) seraient bien avisés
de continuer leur trafic radio VHF/UHF, sur TOUTE la largeur des
bandes, en parallèle avec leur trafic HF.
A l'époque où j'avais une licence depuis peu de temps, des "anciens"
mettaient parfois l'accent sur l'utilisation insuffisante ou de
mauvaise qualité de la bande 432 par les radioamateurs. On sait
maintenant ce qu'il en est advenu, et cela aurait pu d'ailleurs être
bien pire. J'espère donc que l'histoire ne se reproduira pas.
Plutôt que de se battre a posteriori au sujet de détails juridiques,
il me semble plus simple d'éviter que de nouveaux réglements soient
établis sur la base d'attitudes dont nous sommes les seuls
responsables.