Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, s'était très tôt prononcé en faveur du projet de rachat de SFR par le groupe Bouygues plutôt que pour celui de Numericable. Il pouvait espérer tirer quelques lauriers d'un rapprochement SFR-Bouygues, mais c'est finalement vers Numericable que le groupe Vivendi préfère se tourner.

Et pendant que les commentateurs et éditorialistes peuvent maintenant critiquer sans grand risque les propos du ministre durant la folle semaine pour les télécom qui vient de s'écouler, Arnaud Montebourg a rappelé dès l'annonce des négociations entre Vivendi et Numericable / Altice, que tout n'était pas encore joué.

Ce sont maintenant trois semaines de négociations exclusives qui sont lancées entre les deux groupes sur la base de la proposition portant sur 11,75 milliards d'euros de numéraire et un contrôle à 32% par Vivendi du nouvel ensemble qui sera formé, mais il ne s'agit pas encore d'un accord en bonne et due forme.

Sur France 2, il a rappelé que la proposition de Numericable repose sur un fort endettement de SFR et qu'il n'est pas sûr que "les banques aient envie de s'exposer outre mesure". Il souligne aussi que des recours peuvent être déposés durant ces trois semaines tandis que les autorités de la concurrence française et européenne peuvent être mises à contribution.

Arnaud Montebourg a rappelé enfin que le maintien de l'emploi doit rester une préoccupation essentielle dans toute proposition de rachat de SFR, de même que l'investissement dans la fibre optique sur le territoire. Par ailleurs, la pression est déjà en train de s'exercer sur Patrick Drahi, directeur du fonds Altice, pour qu'il fasse preuve de "patriotisme fiscal".

On notera que dans un entretien aux Echos par ce jour, Jean-Pierre Jouyet, directeur général de la Caisse des Dépôts, qui est actionnaire de Vivendi, évoque l'idée d'un soutien au projet de rapprochement entre SFR et Bouygues, et "sans engager BPIFrance", la banque publique d'investissement, . De quoi peut-être redonner à réfléchir sur le volet de la solidité du montage financier des projets en concurrence...

Source : Le Monde