Alors que le conseil de surveillance de Vivendi semble privilégier un rachat de SFR par Numericable, la proposition concurrente du groupe Bouygues trouve un soutien logique et de poids dans son concurrent Free, par la voix de Xavier Niel, qui a des vues sur le réseau mobile et les fréquences de Bouygues Telecom.

Xavier Niel  Dans un entretien accordé aux Echos, le patron du groupe Iliad pointe les faiblesses du projet de Numericable en matière d'endettement et de risque pour l'emploi, n'hésitant pas à faire des comparaisons par rapport à des situations de rachat antérieures et à avancer le chiffre de 5000 emplois détruits, en grossissant le trait pour trouver un chiffre encore plus gros que la menace de 3000 emplois détruits qui colle au projet de Bouygues.

Au contraire, le projet de Bouygues est merveilleux avec son retour à trois opérateurs dans un marché équilibré grâce aux 15 000 antennes et aux fréquences transférées de Bouygues Telecom vers Free, associé à un investissement fort sur la fibre optique. "Et naturellement, la concurrence demeure, Free s'étant libéré de la charge de l'itinérance".

Et de fustiger le câble, "Canada Dry" de la fibre, à base de "fourreaux d'Orange plus une terminaison câble obsolète". Xavier Niel met donc en avant le risque qu'il ne reste plus qu'Orange pour investir dans la fibre, avec une concurrence délétère entre câble et FTTH en zones denses tandis que le reste du territoire sera délaissé.

Le patron du groupe Iliad ne croit par ailleurs pas tellement à la transformation de Patrick Drahi, directeur du fonds Altice actionnaire de Numericable, en "résident fiscal français" et il voit un gros risque d'affaiblissement de SFR par la dette : "le marché sera tiré vers le bas".


Concurrence maintenue et recrutements
Dans le cas du projet de Bouygues, Xavier Niel met en avant son appétit pour gagner des parts de marché afin de garantir le maintien d'une concurrence forte entre opérateurs mobiles, même ramenés à trois acteurs, avec de nouveaux leviers sur la 4G grâce aux antennes et aux fréquences de Bouygues Telecom.

Par ailleurs, le marché de la fibre optique restera stimulé et ne laissera pas Orange seul au déploiement sur l'ensemble du territoire. Et qu'on ne lui parle pas des questions de régulation, gros frein au projet de Bouygues : elles seraient tout aussi fortes et compliquées dans le cas de Numericable.

Dans le même temps, il met en avant la possibilité de recruter près de 1000 salariés supplémentaires pour pouvoir gérer le nouveau réseau de Super-Free. Un argument qui ne peut que séduire le gouvernement...même si Xavier Niel se garde bien de donner des détails sur ce qui sera réellement transféré en matière de fréquences.

Source : Les Echos