Cela fait quelques années que le stream ripping est pointé du doigt par les ayants droit. En clair, il s'agit de passer par un site de type convertisseur youtube mp3, d'indiquer simplement l'URL d'une vidéo YouTube dont on souhaite récupérer l'audio, et de cliquer pour que le site automatise la procédure de rapatriement.

En quelques clics, on obtient ainsi un fichier MP3 de très bonne qualité (ou autre format selon les plateformes utilisées), certaines solutions se paient même le luxe de pemettre de choisir la qualité audio (dans la limite de ce qui est proposé sur YouTube bien entendu). Le problème est alors de taille : YouTube, plateforme légale est donc détournée pour participer au piratage de masse d'oeuvres protégées par le droit d'auteur alors même qu'elle se présente comme LA plateforme disposant du plus grand catalogue de titres, surtout depuis que Google investit lourdement auprès des majors pour installer les artistes populaires sur son service.

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Pour les utilisateurs, la procédure est ultra simple, elle ne nécessite pas de compétences particulières, ni d'installation de logiciel P2P ou autre solution hasardeuse. Les risques sont de plus mineurs puisque les autorités ne surveillent pas directement les utilisateurs de ces plateformes, il n'y a pas non plus de partage de fichiers entre utilisateurs, le téléchargement est très rapide et le catalogue disponible plus que conséquent... Et même si certains sites se donnent bonne conscience en rappelant que la loi HADOPI ne les autorise à télécharger que des musiques libres de droits, dans les faits, c'est un véritable pillage organisé qui s'est installé.

C'est dans ce contexte délicat que YouTube a lancé cet été son nouveau service YouTube Music (associé à YouTube Premium), qui propose aux utilisateurs, moyennant un abonnement, d'accéder à l'intégralité du catalogue musical de YouTube, mais aussi à de nombreuses exclusivités. Les utilisateurs peuvent ainsi au choix consulter les clips, ou se limiter à l'audio pour économiser leur forfait data, il est possible de télécharger du contenu en local, d'accéder à des playlists et recommandations.. En bref, il s'agit d'une réelle alternative à Spotify, la vidéo et quelques fonctionnalités en plus.

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Et si Google s'est lancé dans l'aventure, c'est parce que de nos jours, 75% des revenus de l'industrie musicale proviennent du streaming. La progression est importante : +10% en 2018 comparé à 2017 et la tendance s'inscrit clairement sur la durée... À condition bien entendu que les plateformes réussissent à endiguer le piratage d'une part (applications hackées, partage de compte,...) mais aussi à trouver des modèles économiques viables pour les artistes ce qui n'est pas encore évident à l'heure actuelle.

Nombreux sont ainsi les artistes à ne pas souhaiter voir leurs productions apparaître sur YouTube ou YouTube Music, pas plus que sur Spotify ou Deezer par militantisme. Ils estiment ainsi que ces plateformes ne combattent pas suffisamment le piratage, mais surtout qu'elles ne redistribuent pas les richesses créées de façon équitable, l'artiste étant bien souvent contraint d'accepter des commissions trop élevées pour s'installer sur ces canaux de diffusion.

Reste que des procédures sont régulièrement lancées contre les sites de stream ripping. La fermeture de YouTube-mp3.org a été suivie de nombreuses interventions similaires auprès des très nombreux clones. La RIAA maintient ainsi la pression sur les webmasters qui gèrent ces sites.

Par ailleurs, YouTube Music joue la carte de la séduction avec une offre gratuite les 3 premiers mois afin de permettre d'essayer le service avant de basculer vers la formule payante à 9,99€ par mois. Google espère ainsi mettre une partie des adeptes du piratage dans le droit chemin avec un prix relativement accessible et l'accès à des exclusivités temporaires non disponibles sur YouTube. Reste à voir si cela suffira.