Si l'innocuité des nanomatériaux n'est pas totalement avérée, plusieurs pays ayant rappelé la nécessité de creuser le sujet avant que cette technologie n'envahisse complètement notre quotidien, les avantages de leur utilisation dans le traitement de certaines pathologies sont prometteurs.

C'est ce que viennent de démontrer des chercheurs en montrant que les nanotubes de carbone pouvaient servir à améliorer les capacités de traitement des signaux nerveux de certains neurones. Ils ont notamment observé que les nanotubes, bon conducteurs du signal électrique, pouvaient se fixer aux membranes cellulaires et constituer un lien fonctionnel.

Les nanotubes de carbone ont déjà montré dans plusieurs études leur capacité à interagir avec les structures neuronales et à en améliorer l'efficacité, mais le mécanisme n'en était pas précisément connu. Les observations réalisées ici semblent indiquer que les nanotubes améliorent la transmission du signal nerveux et créant des connexions supplémentaires.

Concrètement, cela abaisse le seuil de stimulation des neurones, aboutissant à une réponse anticipée. Dans certaines pathologies nerveuses, les stimuli sont moins bien reçus par les neurones, ce qui retarde le déclenchement de leurs réponses.


De l'application médicale à la création de super-humains
Il peut exister des traitements mais ceux-ci ne sont que palliatifs, les symptômes réapparaissant dès leur arrêt. L'utilisation de nanotubes de carbone pour abaisser le seuil de stimulation des neurones et les rendre plus réactifs permet d'envisager des traitements bien plus efficaces dans la durée pour ces maladies dégénératives nerveuses.

Si les applications imaginées ici sont essentiellement médicales, on ne peut exclure non plus la possibilité de s'en servir pour doper les stimulations nerveuses et créer des sortes de réactions super-humaines sur des organismes sains, au niveau des réflexes mais aussi des processus d'apprentissage, pour des applications dignes des meilleures anticipations cyberpunk.

Toutefois, tempèrent les scientifiques, il reste de nombreux obstacles à lever avant de parvenir à de tels résultats. Il s'agit de déterminer et jusqu'à quel point les nanotubes de carbone peuvent jouer ce rôle de stimulation et comment le stabiliser pour un usage concret.

Il faut également identifier les cibles les plus appropriées dans le cortex et les types de signaux à même de produire les effets attendus ( doper un processus cognitif, annuler une décharge épileptique, etc. ), ce qui fournit du travail de recherche pour plusieurs années, sinon plusieurs dizaines d'années.

L'étude d'approche du mécanisme des nanotubes de carbone sur les membranes neuronales a été réalisée par une équipe italo-suisse au Laboratoire des microcircuits neuraux de l'Institut Fédéral Suisse de Technologie de Lausanne, sous la conduite de Michel Giugliano.
Source : EE Times