Les présentations
Le marché de l'impression 3D vit une époque formidable, mais chaotique. D'un côté, Bambu Lab a secoué le cocotier avec une arrogance technologique bienvenue ; de l'autre, le géant Creality s'est réveillé. Après une K1 prometteuse, mais perfectible, la marque revient avec une série K2 qui ne se contente plus de réagir, mais qui dicte le tempo. Si tous les regards se sont d'abord tournés vers la gigantesque K2 Plus que nous avons testée, c'est pourtant sa petite sœur, la K2 Pro, qui mérite toute votre attention. Pourquoi ? Parce qu'elle attaque frontalement le segment le plus disputé, celui des machines de bureau performantes, avec une fiche technique qui frôle l'indécence pour son prix. Vitesse de 600 mm/s, accélération de 20 000 mm/s², châssis monobloc et, surtout, une gestion thermique que l'on ne trouvait jusqu'ici que sur du matériel industriel. Nous avons testé la K2 Pro Combo pour voir si les promesses tiennent face à la réalité du terrain.
Vous trouverez sur le site officiel, la Creality K2 Pro Combo au prix officiel de 1099 €, mais actuellement en promotion à seulement 999 €, sachant que la K2 Pro est à 799 € au lieu de 899 €.
K2 Pro Combo : contenu du pack
Comme toujours chez Creality, le packaging se veut généreux quoique légèrement en retrait comparé à la K2 Plus.
Outre la machine et son CFS, on retrouve des outils pour l'assemblage et la mise en fonction de la machine, ainsi qu'une bobine d'1 kg de filament pour bien débuter.
La boite d'outils contient un tube de colle bâton (principalement pour l'ABS et encore), un tube de graisse, un cutter de rechange, un pad silicone pour l'essuyage de la buse, une pince coupante ainsi qu'une clé à pipe.
On regrette ici l'absence de buse de rechange, alors même que Creality fournit de la graisse thermique pour son remplacement... Notons d'ailleurs que les buses en question sont les versions longues de Unicorn introduites depuis la K1C, à savoir des buses tri métal : cuivre, acier renforcé et titane, qui combinent à la fois la buse et le heatbreak. Elles vont ainsi directement jusqu'à la sortie de l'extrudeur pour offrir une solution "Full Metal" offrant la garantie de pouvoir imprimer avec des filaments haute température, filaments abrasifs grâce à l'insert acier renforcé, et sans aucune fuite, puisque sans jonctions hasardeuses entre le heatbreak et la buse.
Ce type de buse offre également un autre avantage : un remplacement facilité à une main sans avoir à tout démonter, et ce n'est pas rien quand on connait la fragilité relative des connecteurs soudés à l'argent des têtes de chauffe à 360° de Creality... Autant limiter les manipulations.
Dans la variante "Combo", le pack intègre la K2 Pro et ses accessoires, ainsi que le fameux module CFS qui prend en charge 4 couleurs, et qui peut être associé à 3 autres CFS pour gérer jusqu'à 16 couleurs.
Le format 300 mm est-il l'arme absolue face aux standards actuels ?
Pendant longtemps, le standard "confortable" de volume d'impression se situait autour des 250 x 250 x 250 mm. Bambu Lab a figé le marché sur un cube de 256 mm. Creality arrive ici avec un argument massue : 300 x 300 x 300 mm, soit l'équivalent de la sacrosainte Cr10 dans une cinématique CoreXY cloisonnée et bien plus compacte. Cela peut sembler anecdotique sur le papier, mais, en pratique, ça change tout. Ce volume supplémentaire de près de 20% par axe permet d'imprimer des casques de cosplay en une seule pièce, des pièces automobiles fonctionnelles sans devoir les couper, ou de lancer des plateaux de production ("batch production") bien plus rentables.
Mais agrandir le volume ne sert à rien si la structure ne suit pas. Ici, Creality a sorti l'artillerie lourde. La K2 Pro repose sur un châssis en alliage d'aluminium moulé sous pression ("Die Cast"), le même que l'on avait déjà félicité sur la K2 Plus, mais en plus compact. Contrairement aux assemblages de profilés classiques qui peuvent vriller sous la contrainte, on a ici une structure monolithique d'une rigidité absolue. C'est indispensable. Pourquoi ? Parce que, pour imprimer proprement à des vitesses folles, la moindre vibration est l'ennemie.
La K2 Pro est un tank. Elle encaisse les changements de direction brutaux de la tête d'impression sans broncher, garantissant des parois verticales lisses et sans "ghosting" (ces échos fantômes disgracieux sur les impressions) qui sont par ailleurs contrées par l'intégration d'un accéléromètre et de la fonctionnalité de compensation de résonance.
Pourquoi le chauffage actif de la chambre est-il une petite révolution ?
C'est LE point technique qui permet à la K2 Pro de mettre une claque à la concurrence directe. La grande majorité des imprimantes "fermées" du marché (y compris la très populaire X1C) fonctionnent sur un principe de chauffage passif : c'est la chaleur du lit d'impression qui, petit à petit, tiédit l'air de l'enceinte. C'est bien, mais c'est souvent insuffisant pour les matériaux capricieux. La K2 Pro, elle, intègre un véritable chauffage actif de la chambre ("Active Chamber Heating").
Concrètement, un module dédié chauffe et régule l'air interne jusqu'à 60°C. Plusieurs paliers sont réglés pour automatiser la préchauffe de l'enceinte, et il faudra régler à 45°C minimum pour déclencher le module de chauffe. Si vous imprimez du PLA, vous vous en fichez (la machine active d'ailleurs un extracteur pour éviter la surchauffe). Mais si vous touchez à l'ingénierie, c'est le jour et la nuit. L'ABS, l'ASA, le Polycarbonate (PC) ou le Nylon chargé carbone (PA-CF) sont des matériaux qui ont une fâcheuse tendance à se rétracter en refroidissant (le warping), décollant la pièce du plateau ou créant des fissures entre les couches. En maintenant l'air à 60°C constants, la Creality K2 Pro annule ces contraintes physiques. On obtient une fusion intercouches (isotropie) quasi parfaite et une fiabilité industrielle sur des matériaux qui faisaient cauchemarder les makers il y a encore deux ans.
Que valent vraiment les moteurs "Step-Servo" sous le capot ?
Creality n'a pas seulement soigné la carrosserie, ils ont aussi revu la motorisation. Oubliez les moteurs pas-à-pas classiques qui "perdent les pas" si on les brusque trop. La K2 Pro est équipée sur les axes X, Y et E (extrudeur) de moteurs "Step-Servo" en boucle fermée. C'est une technologie hybride empruntée au monde industriel. La boucle fermée permet de limiter le parasitage et d'obtenir ainsi une plus grande précision, y compris dans les hautes vitesses. On peut ainsi accéder au meilleur des deux mondes : un couple important et des vitesses folles, avec un système de correction automatique en cas de saut de pas.
Le principe est simple, mais redoutable : le moteur sait en permanence où il se trouve réellement. S'il force (à cause d'une buse qui accroche ou d'une accélération trop violente), il le détecte et compense immédiatement pour ne pas perdre sa position. Résultat ? Les décalages de couches ("layer shifts") appartiennent au passé. De plus, ces moteurs permettent un contrôle du couple bien plus fin (FOC - Field Oriented Control), ce qui se traduit par un fonctionnement plus silencieux et moins de chauffe moteur, même lors des sessions d'impression de 48 heures à haute vitesse.
Outre les moteurs hybrides, on apprécie le fait que Creality ait prévu un système d'automatisation du réglage des courroies (Gates renforcées au passage) : depuis le menu de la machine, on lance l'option qui se charge de tendre les courroies juste ce qu'il faut.
Le système CFS est-il enfin la réponse fiable au multicouleur ?
C'était le talon d'Achille de Creality face à Bambu Lab. Avec le CFS (Creality Filament System), la marque chinoise comble son retard. Livrée en bundle "Combo", cette unité externe peut accueillir 4 bobines (et vous pouvez chainer jusqu'à 4 unités pour 16 couleurs, si vous avez la folie des grandeurs). Mais ce n'est pas qu'une boîte en plastique.
Le système est bourré de capteurs. Il lit les puces RFID des bobines propriétaires pour régler automatiquement les paramètres (température, débit), mais reste totalement ouvert aux bobines génériques (contrairement à d'autres écosystèmes fermés). La mécanique de chargement a été repensée avec un "buffer" (tampon) à ressort qui gère la tension du filament lors des rétractions rapides, évitant les nœuds et les casses. Le système est motorisé avec un double pincement du filament pour un meilleur contrôle.
Au niveau de la tête d'impression, un cutter automatisé coupe le filament proprement avant chaque changement, garantissant une pointe nette pour le rechargement suivant. Certes, cela génère des déchets (les "poops" éjectés par une chute à l'arrière de la machine) (prévoyez un bac de récupération), mais c'est le prix de la fiabilité. Lors de nos tests, le système a géré des centaines de changements de couleur ("swaps") sans intervention humaine. C'est fluide, c'est propre, et c'est enfin au niveau des attentes. Seules quelques bobines peuvent poser problème : selon leur largeur, diamètre, ou même simplement le fait qu'elles soient en carton avec des bords non rigides : elles peuvent ainsi ne pas entrer dans leur emplacement, glisser ou simplement ne pas faire contact avec le système d'entrainement... Forcément, sans standardisation des bobines chez les fabricants, il ne peut y avoir de système parfait...
L'intelligence artificielle et le logiciel sont-ils à la hauteur du matériel ?
Avoir de bons moteurs ne suffit pas, il faut un bon pilote. La K2 Pro tourne sous Creality OS, une version "maison", mais désormais ouverte de Klipper. Cela signifie que vous avez accès à la puissance de calcul nécessaire pour l'Input Shaping (compensation des résonances) et le Pressure Advance, sans avoir à taper des lignes de code dans un terminal obscur. L'interface tactile de 4,3 pouces est réactive, lisible, et permet de piloter la machine du bout des doigts.
La gestion du CFS dans le menu de la machine est étonnement intuitif et simple d'emploi : on désigne la matière en place, la couleur, et le reste du réglage se fait selon des profils que l'on peut enregistrer sur Creality Print 6.
Côté surveillance, une caméra IA est installée de série directement sur la tête ou dans l'enceinte (selon les versions, mais la surveillance de buse est bien là sur la Pro). Elle ne sert pas qu'à faire de jolis timelapses pour TikTok. Elle surveille le flux ("flow") et scrute le plateau à la recherche du redouté effet "spaghetti". Si la pièce se décolle ou si l'impression part en vrille, la machine se met en pause et vous alerte. C'est une sécurité indispensable quand on lance une impression de 20 heures avec 50 euros de filament technique.
Enfin, le logiciel de tranchage, Creality Print 6.0, a fait un bond en avant monumental. Basé sur Orca Slicer (lui-même une référence), il offre des profils ultra-calibrés et une gestion native du multicouleur qui simplifie la peinture des modèles 3D. On n'est plus dans le bricolage, on est dans un écosystème cohérent.
Toujours au top
Pour le reste de la fiche technique, on retrouve peu ou proue celui de la K2 Plus, dans une dimension plus réduite.
On l'a déjà dit, le volume d'impression ici est de 300 x 300 x 300 mm, le plateau est magnétique et amovible. Il s'agit d'un plateau texturé avec couche de PEI qui offre une excellente adhésion. En outre il est très facile de décoller les pièces de ce type de plateau, simplement en jouant sur son côté flexible. Une fois la pièce terminée, elle se décolle sans encombre.
La tête est héritée de la K2 Plus sans grosse modification, si ce n'est un nouveau système d'insertion au niveau de l'extrudeur, plus ergonomique, ainsi qu'une caméra embarquée sous la tête qui n'est pas directement accessible (même si quelques repos Github proposent une solution tierce). Cette dernière n'a pas vocation à diffuser des images, mais plutôt à remplacer le module LIDAR de la K1 Max en permettant de photographier les tests de Pressure Advance pour automatiser les réglages de débit.
On y trouve donc la dernière hotend en date, version longue avec les buses licorne allongées trimétal, une carte électronique avec accéléromètre pour l'Input Shaping, un système de cutter pour découper le bout du filament qui a tendance à gonfler afin de faciliter le retour du filament vers le module couleur, et le dernier extrudeur double entrainement en date, à l'efficacité éprouvée.
Le tout est appuyé par plusieurs ventilateurs, eux même épaulés par un ventilateur sur le côté gauche de la machine (un seul côté, contrairement à la K2 Plus) qui reste systématiquement au niveau du plateau pour offrir un meilleur refroidissement.
On l'a dit juste avant, la K2 Pro embarque donc deux caméras, dont une seule est réellement accessible directement à l'utilisateur pour surveiller la progression des impressions. Elle est associée à un module d'intelligence artificielle pour repérer les obstacles (pièce qu'on aurait oubliée avant de lancer la prochaine impression), les erreurs (mode spaghetti) ou même des pièces qui se décrocheraient ou s'écrouleraient... L'utilisateur reçoit alors une notification et peut visualiser le problème (y compris depuis son smartphone) pour choisir de reprendre le travail ou de stopper complètement.
Le plateau, quant à lui, dispose de divers capteurs de pression pour offrir un leveling automatique des plus précis et sans aucune intervention humaine. Il est guidé par un seul moteur via deux tiges trapézoïdales et un jeu de courroies, et 4 guides. Il est, de base, positionné en mode haut pour l'impression et descend progressivement à mesure que la tête dépose les couches successives de filament. Le tapis proposé, flexible en PEI texturé, est excellent : il offre actuellement l'un des meilleurs compromis entre adhérence, polyvalence des matériaux et ergonomie pour l'utilisateur.
Au fond de la machine, on retrouve le module qui permet de réaliser les purges via un récepteur et un embout silicone. Système qui permet non seulement de purger entre les différentes couleurs, mais aussi d'assurer la propreté de la buse avant les phases de palpage pour la mise à niveau du lit d'impression.
On y trouve également un extracteur qui permettra de maintenir une température définie dans l'enceinte. Pour le PLA, l'objectif est de rester le plus frais possible et de contrer l'effet de cloisonnement et l'accumulation de chaleur liée au lit chauffant et la hotend. Le PLA atteint une phase de transition vitreuse autour des 60°C, contrairement aux filaments plus techniques, comme l'ABS ou le Nylon qui, eux, nécessitent une enceinte contrôlée et chauffée pour limiter leur rétraction.
Enfin, pour revenir sur l'extérieur de la machine, on apprécie la porte en verre fumée et ses impressionnantes charnières permettant une ouverture à 120°, l'esthétique générale et l'encombrement réduit malgré le volume d'impression, et l'écran, toujours aussi lisible, inclinable et au contraste très agréable.
L'heure du test
Comme nous l'évoquons à chacun de nos tests d'imprimantes 3D, les résultats d'impression dépendent d'énormément de facteurs. Certes les caractéristiques de la machine sont pour beaucoup dans le résultat final, mais cela dépend également énormément des paramètres de découpe du fichier, du fichier en lui-même, de la qualité du logiciel de découpe, de la qualité du filament utilisé, des conditions d'utilisation...
Difficile donc d'assurer que chaque utilisateur aura exactement le même résultat qu'un autre sur la même machine.
Néanmoins, à l'usage se dégagent quelques tendances pour cette K2 Pro, et n'y allons pas par quatre chemins : elle se veut performante dans un grand nombre de domaines.
Le premier point à souligner avant même sa vitesse de fonctionnement est le silence dans lequel elle opère. C'était déjà une remarque lors de notre test de la K2 Plus, mais elle se renouvelle ici : les moteurs sont particulièrement silencieux, la mécanique fluide et souple, et la ventilation bien que très efficace reste très supportable.
À vrai dire, avec la porte fermée et le capot supérieur, à plein régime, c'est une des machines les plus silencieuses que nous avons testées.
Autre point notable : la vitesse d'impression qui permet de véritablement exploiter les 600 mm/s annoncés, au moins au niveau du remplissage (400 mm/s exploitables en périmètres extérieurs pour les grosses pièces).
Le volume de 300x300x300 mm est plus que confortable et permettra d'imprimer des pièces de grande taille pour ne pas avoir à les segmenter, on pense aux casques de cosplay, mais aussi à de grosses pièces de décoration ou encore mécaniques.
La ventilation fait des merveilles : on imprime jusqu'à des angles de 80 degrés avec un effondrement très limité, et aucun jusqu'à 70°. Les pointes fines sont parfaitement gérées et les différents outils automatisés permettent de garantir des impressions parfaites. C'est idéal pour les novices, et confortable pour les utilisateurs avancés.
Au niveau des automatismes, le leveling automatique du lit permet de compenser les déformations d'usine et de surface en modélisant ce dernier en 3D via une trame de points réalisés avec les capteurs de pression. La tête suit alors les déformations pour garantir une adhésion parfaite. Si la procédure prend quelques minutes au démarrage, on pourra s'en passer pendant plusieurs impressions avant de sentir le besoin de refaire le test. L'installation de KAMP, qui réduit les points de palpage à la zone exacte d'impression du fichier peut d'ailleurs permettre de réduire le temps de calibration tout en se voulant bien plus précis aussi.
Dans tous les cas, le réglage de la première couche est sans aucun défaut : pas de problème de sous extrusion ni de déformation, pas de squishing excessif, Creality a maitrisé le problème et c'est un véritable bonheur à l'utilisation.
Pour aller plus loin, un paramètre de réglage du pressure advance est proposé dans le slicer, qui exploite la caméra intégrée sous la tête pour automatiser le réglage. L'option est particulièrement intéressante pour les filaments spécifiques que l'on ne maitrise pas toujours très bien, idéale pour les différents TPU en fonction du shore dont on dispose, ou même du nylon.
L'input shaper fait des merveilles : un accéléromètre présent sur la tête permet de simuler des vibrations pour trouver la fréquence de résonance du châssis. Il permet également de visualiser la position exacte de la tête par rapport à la consigne envoyée, ce qui, combiné à des algorithmes de correction, permet de limiter les artefacts sur la pièce imprimée, qui se présentent sous la forme de motifs qui se répètent (texte en triple, effet "fantôme") et qui apparaissent surtout lorsque l'on imprime à haute vitesse.
Côté température, on atteint 210°C (départ à 20°C) en moins d'une minute sur la hotend, qui propose toujours sa cartouche circulaire en céramique, simple et efficace. Le plateau chauffant, lui, atteint 60°C en moins d'une minute également et il se veut assez stable et ce, malgré l'usage de la ventilation latérale qui se veut assez puissant.
L'extrudeur nouvelle génération fait des merveilles : Creality a eu la bonne idée d'installer un capot aimanté sur sa tête, permettant d'accéder facilement à l'ensemble. Une fenêtre a été installée sur l'extrudeur ainsi que des repères visuels sur la roue principale d'entrainement, permettant de visualiser s'il tourne ou pas, et de repérer des sursauts caractéristiques d'un blocage.
Il fonctionne en mode non verrouillé : pas de verrou qui saute, la pression minimale est constante et c'est justement cela qui permet d'envisager un changement de couleur automatisé : à peine inséré le filament est attrapé par les dents pour être entrainé. Notons que c'est au niveau de l'entrée de l'extrudeur que se trouve le détecteur de filament, qui opte pour une cellule photosensible.
La tête est dotée d'un cutter qui permet de couper le bout du filament déformé par la chauffe, qui entrainerait un blocage dans les tubes PTFE lors de l'extraction comme de la réinsertion... Ce cutter se démarque de ce qui se fait ailleurs sur le marché : il opte pour un système aimanté plus durable dans le temps qu'un ressort et moins sujet aux blocages.
Le CFS quant à lui n'a pas évolué depuis notre test de la K2 Plus, il s'agit d'un système similaire à l'AMS de BambuLab, qui propose de gérer 4 couleurs par unité, et jusqu'à 4 unités en simultanée pour un total de 16 couleurs.
Il est motorisé pour l'entrainement des bobines et dispose de détecteurs d'insertion de filament pour automatiser l'amorce.
On y retrouve des emplacements pour installer des sacs de dessicant, mais il n'est pas chauffé lui-même, ce qui aurait été un plus.
Lors de notre test nous avons rencontré le problème typique déjà évoqué lors de la K2 Plus, une de nos bobines utilisées pour imprimer le Noctali en 4 couleurs, la bobine jaune, se voulait légèrement trop étroite. Elle forçait donc contre les guides internes du CFS, occasionnant plusieurs blocages lors du retour du filament. Cela n'a pas altéré notre impression puisque l'ensemble est assez intelligent pour notifier l'utilisateur du problème tout en mettant la machine en pause le temps qu'il intervienne.
À ce sujet, les choses ont bien évolué côté logiciel pour ce genre de désagrément, sur la K2 Plus avec un firmware immature, ce type de pause entrainait souvent des problèmes imposant l'arrêt de l'impression et donc la perte de temps et de matière engagée jusque là. Désormais, les procédures sont bien plus souples et nous avons pu reprendre l'impression sans encombre.
Alors oui, j'aurais pu imprimer avec les bobines gracieusement fournies par Creality... Mais soyons honnêtes : je dispose déjà d'un stock important de filaments qui ne provient pas de la marque. Ce n'est pas que le filament Creality soit mauvais, mais à vrai dire, il est arrivé un peu tardivement sur le marché et j'avais déjà de filaments d'autres marques à disposition... Par ailleurs, il est d'usage de penser que peu d'utilisateurs vont se limiter à utiliser exclusivement du filament provenant de la marque, pour les mêmes raisons, ou plus globalement pour une question de prix ou d'accessibilité... Il était donc pertinent, à mon sens, de soumettre la machine à des filaments différents, y compris pour tenir compte du fait que les profils préréglés dans le slicer ne sont pas forcément optimisés pour ces filaments...
Pour les tests en plusieurs couleurs, j'ai pu tester jusqu'à 5 marques de filaments distincts, en ajoutant une contrainte supplémentaire : le noir utilisé est un filament PLA à la fibre de carbone, qui a tendance à user très rapidement les buses. Ici, la buse renforcée de Creality n'a pas bronché...
Côté TPU j'ai pu imprimer du Shore A et D avec la même facilité, mais attention, pas question de l'installer dans le CFS, il faut passer par le support externe.
Nous avions également fait la remarque quant aux pertes de matières liées au changement de couleur : non seulement l'imprimante doit faire une tour de purge pour l'amorçage des couleurs, mais également des "poops" c'est-à-dire purger le petit bout de filament coupé qui reste dans la machine... Et puisque la coupe se fait sous l'extrudeur et que l'on a des buses assez longues pour stocker plus de chaleur, ces "poops" pèsent rapidement sur la balance...
Il est possible d'optimiser toutefois en réalisant des tests spécifiques, afin de modifier les coefficients de purge d'une couleur à l'autre. Par exemple, il ne faudra pas purger autant de matière pour passer du blanc au noir qu'il n'en faudra pour passer du rouge à l'orange... Outre la couleur, ce coefficient dépend également grandement de la viscosité du filament et de sa recette chimique.
Dans notre test du Noctali de 10 cm de haut, la figurine à elle seule représente un poids de 67 grammes de filament auquel il faut ajouter 5,5 grammes de supports, une tour de purge de 35,6 grammes et malheureusement, 367 grammes de "poops"... Soit 67 grammes de pièce pour 408 grammes de perte... Cela reste encore trop important, mais les pertes liées à la tour et aux poops sont fixes, c'est-à-dire que, si l'on avait imprimé plusieurs de ces mêmes figurines, il n'y aurait pas eu de multiplication de ces facteurs de perte... Cela encourage à l'impression multiple, solution viable certes, mais qui entraine également d'autres déconvenues : si l'on avait imprimé cette pièce seule d'une seule couleur, elle aurait mis entre 1h et 1h 30... Ici, il nous aura fallu 15 heures d'impression, annoncées par le slicer... Temps qui a explosé en tenant compte des blocages de la bobine évoquée plus haut, ayant entrainé la perte de quasiment toute une nuit, machine en attente de solutionner le problème...
Mais finalement l'impression est allée jusqu'au bout, malgré plusieurs reprises et manipulations liées à ma bobine défectueuse... Ce qui permet de constater que Creality a fait d'énormes progrès dans les processus de reprise. Qui plus est, les moteurs en boucle fermée ont garantit le fait que les couches ne se sont pas décallées sur l'impression... Même si cette dernière aura été compliquée, chapeau pour les protocoles mis en place, bien d'autres machines auraient fini par abandonner ou entrainer un décalage ou une erreur quelconque...
En dehors de l'utilisation du multicouleur orienté vers les hobbyistes, les impressions standard se veulent à la fois rapide et qualitatives : les détails sont parfaitement respectés et l'on se prend à prototyper des pièces diverses et variées.
Les sloggans marketing évoqués plus haut se révèlent réalistes : on se réveille avec une idée en tête, on modélise le matin, on obtient sa pièce le midi, on révise son modèle et l'on multiplie les ajustements pour obtenir une pièce définitive dès le soir même... Tout cela grâce à la fiabilité apportée par la K2 Pro, sa polyvalence dans les matériaux, les automatismes qui limitent les casse-têtes et réglages, et surtout, sa vitesse d'impression véritablement impressionnante.
La K2 Pro est-elle la nouvelle reine du milieu de gamme ?
Si la K2 Plus est la vitrine technologique de Creality, la K2 Pro est sans doute la meilleure affaire du moment. Elle offre un volume de 300 mm supérieur à la concurrence, une chambre chauffée active indispensable pour les matériaux techniques, et une motorisation de pointe, le tout pour un tarif souvent inférieur à celui d'une X1C.
Elle n'est pas parfaite (on aurait aimé un chauffage actif dans le CFS pour sécher les bobines, ou encore un peu plus de souplesse dans la customisation logicielle), mais c'est une machine de production redoutable, polyvalente et construite pour durer.
La K2 Pro conserve un, voire plusieurs trains d'avance sur la concurrence en termes de châssis : il est solide et permet à la machine de rester stable même à haute vitesse. Preuve en est : il faut compter 38 kg pour le carton de la machine en Combo avec l'AMS. Les finitions sont impeccables tant au niveau de la machine que des pièces imprimées, elle fonctionne dans un silence relatif très appréciable comparé à la concurrence... Et son environnement cloisonné est un gage de sécurité pour les mains d'enfants qui ont tendance à trainer, tout comme pour les animaux domestiques.
En tant qu'utilisateur novice, c'est une machine idéale du fait de sa qualité globale et des nombreux systèmes automatisés qu'elle propose. Creality a redoublé d'effort pour renforcer son écosystème, à la fois via son slicer Creality Print 6 qui joue désormais des coudes avec Orca et Slic3R, mais aussi via sa plateforme Creality Cloud qui propose des milliers de modèles et des options facilitant l'automatisation de la découpe et l'envoi vers le slicer ou directement vers la machine, le tout depuis le Web ou un smartphone...
En tant qu'utilisateur plus expérimenté, elle offre une grande polyvalence et une solution confortable qui permet de ne pas se focaliser sur les réglages basiques, permettant de rediriger son temps vers ce qui compte davantage : la modélisation ou le prototypage... Le seul bémol reste que, si Creality fait signe d'ouverture, certaines fonctions restent encore inaccessibles. C'est le cas de la caméra qui ne s'affiche pas dans l'interface Fluidd, et qui nécessite quelques bidouillages (des outils sont disponibles sur GitHub à ce sujet). On tend ainsi à plus d'open source, mais certaines vieilles habitudes restent tenaces... Néanmoins on félicite la marque de proposer une machine, qui, sortie d'usine, ne nécessite pas de root ou de hack de firmware pour accéder à une grande majorité des fonctionnalités.
Avec son équipement de haut vol, des résultats haut de gamme et un environnement bien maitrisé, il est étonnant de voir que Creality a réussi à proposer sa K2 Pro à un prix plutôt agressif compte tenu de la concurrence à proposition égale. Il faut ainsi compter 899 € pour la K2 Pro seule, et 1099 € pour la K2 Pro Combo (imprimante + module CFS), sachant qu'actuellement vous trouverez en promotion sur le site officiel la K2 Pro à seulement 799 € et la K2 Pro Combo à 999 €.
Pour les makers exigeants et les pros qui veulent du débit sans sacrifier la qualité, c'est un grand oui !
+ Les plus
- Le volume d'impression
- La qualité de finition
- La qualité d'impression
- Le silence
- La chambre chauffée
- Polyvalence
- Les moins
- Le système multicouleur entraine toujours beaucoup de pertes
- La caméra non prise en charge nativement sur Fluidd
- L'interface web maison limitée