Le plan France Très Haut Débit, qui prévoit de couvrir 100% de la population avec des réseaux très haut débit et à 80% en fibre optique FTTH (Fiber To The Home) d'ici 2022 est sous le feu des critiques, dont désormais celles de l'association UFC Que Choisir.

Cette dernière diffuse une étude à charge qui affirme que le programme de déploiement de fibre optique et câble est en train de passer totalement à côté de son objectif majeur qui est celui de la réduction de la fracture numérique.

UFC acces internet

Rappelant que la France est très mal classée au plan européen en matière de couverture très haut débit, l'UFC Que Choisir relève que "la fracture numérique prend aujourd'hui des proportions dramatiques" pour ceux qui la subissent, avec 11,1% des consommateurs, soit 7,5 millions de foyers, qui "sont inéligibles à un Internet de qualité", à savoir une ligne avec un débit d'au moins 3 Mbps.

UFC carte mauvais débit

L'étude relève notamment que le déploiement des réseaux à très haut débit profite avant tout aux villes déjà dotées de connexions ADSL de qualité tandis que les petites communes se trouvent fortement défavorisées.

Et de citer un exemple fort : "preuve en est, le meilleur du très haut débit est accessible pour moins de 1% des habitants en Creuse ou en Dordogne, alors qu'il l'est pour 90% des habitants à Paris ou dans les Hauts-de-Seine".

Le plan France Très Haut Débit serait donc boîteux, d'autant plus que l'objectif de 2022...ne serait en réalité accessible au mieux qu'en 2035 au rythme actuel, sans trop d'espoir de pouvoir recoller au calendrier même avec des efforts d'investissement supplémentaires.

D'où la nécessité pour l'UFC Que Choisir d'arrêter de se focaliser (et de dépenser lourd) uniquement sur le FTTH pour réduire la fracture numérique. D'autant plus que le retard dans le déploiement de la fibre optique va amener à une autre conséquence : une hausse sensible des abonnements à l'Internet fixe, que l'UFC Que Choisir fixe à 40 €, au lieu de 30 € actuellement pour une offre ADSL décente, voire plus "si la concurrence devait être durablement limitée, comme le laisse entrevoir la position dominante d'Orange sur le marché du FTTH (70,6% des réseaux, et 66,5% des abonnés)".

UFC prix abonnement

Faisant étant des "constats désolants" dressés sur la fracture numérique et la nécessité d'un Internet abordable alors que se multiplient les services dématérialisés, l'UFC Que Choisir demande à l'Arcep (régulateur français des télécommunications) une analyse prospective sur l'évolution des tarifs d'accès à long terme à l'Internet fixe en fonction des coûts de déploiement.

L'association appelle également le gouvernement à revoir ses priorités et ses financements dans les zones dépourvues d'un Internet de qualité et, "dans l'attente de l'analyse de l'Arcep, de ne mettre en place aucune mesure de hausse du tarif de la boucle locale en cuivre visant à inciter les consommateurs à souscrire une offre en fibre optique".

On notera que l'étude est publiée au moment même où le gouvernement annonce son plan d'investissement de 57 milliards d'euros qui prévoit entre autres une dématérialisation complète des services publics à l'issue du quinquennat.

Source : UFC Que Choisir