De la distribution exclusive à l'élargissement
L' iPhone de première génération avait créé la surprise à plusieurs niveaux, dont celui du modèle de distribution. Alors que la majorité des mobiles sont vendus avec subvention par les opérateurs, qui peuvent éventuellement en personnaliser les menus et d'en assurer une partie de la promotion, rien de tout ça pour l'iPhone.

A la place, un positionnement haut de gamme à partir de 400 €, aucune subvention pour alléger le prix, un contrôle total de la part d' Apple, aucun logo opérateur sur la machine et surtout un mode de distribution combinant exclusivité par rapport à un unique opérateur ( généralement le leader de son marché ) et reversement d'une partie des revenus issus des abonnements.

C'était une première qui a placé les opérateurs au rang de fournisseurs de tuyaux et faisant du terminal l'enjeu majeur du partenariat. Ce modèle astucieux permettait à Apple de décider de la plupart des aspects de la distribution et de conserver la main-mise sur ce qui est installé sur le terminal.

Toutes ces précautions ont cependant été vite détournées, en deux mois, par les premières méthodes dites de jailbreak permettant aux utilisateurs de faire fonctionner l'iPhone sur d'autres réseaux mobiles, d'y installer des applications tierces et de ne pas adhérer au modèle de reversement d'une partie de l'abonnement data.

Entre perte de revenus et gain en terme de notoriété, il n'est pas sûr que le jailbreak n'ait eu que des effets négatifs sur la stratégie mobile d' Apple, en aidant à la découverte de l'iPhone sur des marchés dans lesquels il n'était pas commercialisé. Rappelons que seuls quatre pays ont eu les honneurs du lancement initial : Etats-Unis, Allemagne, Royaume-Uni et France.


Le temps de la consolidation
Avec l'iPhone 3G annoncé ce lundi, changement radical de direction : de moins de dix marchés principaux, la distribution va passer à plus de 70 d'ici la fin de l'année. Fin également de l'exclusivité de distribution et du reversement d'un pourcentage sur les abonnements, le nouveau modèle reprend un axe plus traditionnel.

Après tout, la percée a été réalisée, permettant à Apple de devenir le troisième fabricant mondial de smartphones en moins d'un an ( source Gartner ) et le moment est venu de la consolidation des positions face à une concurrence qui n'est pas restée inactive : Research in Motion, avec ses Blackberry, dont le modèle Thunder va disposer d'une interface tactile, mais aussi HTC avec le HTC Touch Diamond ou Samsung avec son modèle SGH-i900 Omnia se sont positionnés en embuscade par rapport à l' iPhone 3G, et d'autres devraient se dévoiler sous peu.

D'autre part, on assiste également à un renversement de l'image même de l' iPhone. Jusqu'à présent terminal d'exception par son prix sans réduction possible et son interface tactile, pouvant donner le frisson de l'objet rare et précieux, l'arrivée de l'iPhone 3G, avec son prix d'entrée de 199 dollars ( et vraisemblablement 199 € en France ) et son modèle distribution plus ouvert, signe une mise à disposition au plus grand nombre, mais tout en conservant le style du modèle précédent, et ce pour des besoins personnels comme professionnels grâce au nouveau firmware disponible à partir de juillet 2008.


Et ensuite ?
Fin du reversement mais prix plus accessible, perte de l'identité élitiste pour séduire le plus grand nombre...si beaucoup de questions sont encore en suspens concernant le nouveau modèle économique de l' iPhone, les analystes n'ont plus guère de doutes quant à l'objectif des 10 millions d'unités écoulées d'ici la fin de l'année 2008.

Les estimations des analystes sont maintenant largement revues à la hausse : 12 à 14 millions d'unités fin 2008 pour Piper Jaffray, jusqu'à 18 millions d'unités en estimation haute pour CLSA Emerging Markets...

Les seuls éléments certains sont qu' Apple a déjà livré 6 millions de terminaux depuis le lancement fin juin 2007 et que la société pourra compter sur une distribution dans 70 pays. Avec l'apport de la 3G / HSDPA et du GPS, ainsi qu'un prix plus abordable et un firmware autorisant des usages d'entreprise et un accès à des logiciels tiers, comme cela a été dévoilé lors du keynote de Steve Jobs au WWDC 2008, la firme à la Pomme a désormais tous les atouts en main pour s'imposer durablement, et avec une image chic et atypique en décalage volontaire avec le reste de la concurrence, sur le marché des smartphones.