En matière de déploiement de fibre optique en France, le groupe Orange est loin devant ses concurrents, profitant de sa position d'opérateur historique. Dans le même temps, l'Arcep, régulateur des télécommunications, constate que ce déploiement se fait principalement dans les zones urbaines denses, au risque de délaisser le reste du territoire.

Arcep logo vignette La concurrence accuse régulièrement l'opérateur de profiter de son ex-monopole sur le réseau cuivre (et l'accès aux fourreaux) pour en reconstruire un sur la fibre optique.

En détenant les trois quarts du marché de la fibre, Orange se placerait en situation de monopole vis à vis des autres acteurs, avec le danger de le voir imposer sa volonté sur le déploiement et le contrôle du marché.

L'Arcep , qui constatait il y a peu un faible rythme de migration des abonnés vers le FTTH, a donc annoncé qu'elle comptait renforcer la régulation vis à vis d'Orange pour permettre aux autres opérateurs d'accéder plus directement aux zones denses, notamment en facilitant leur accès aux immeubles où Orange est déjà présent, et qu'elle souhaitait rééquilibrer le marché de la fibre pour inciter à l'investissement par tous les acteurs, alors qu'ils pourraient être découragés par la main-mise d'Orange sur le segment, indique le journal Les Echos.

Si les opérateurs SFR, Free et Bouygues Telecom saluent cette volonté de l'Autorité de limiter la position avantageuse de l'opérateur historique, ce dernier pousse logiquement de hauts cris et dénonce une prise de position allant à l'encontre du projet d'équipement du pays d'ici 2022 et de la volonté de Bruxelles incitant justement à réduire la régulation sur la fibre pour accélérer son déploiement.

Si Orange est éventuellement prêt à renégocier ponctuellement les accords de déploiement en zones moyennement denses (un accord daté de 2011 lui octroyait 80% du marché, et 20% pour SFR), il n'est pas question d'accepter de freiner la cadence pour laisser les autres acteurs s'installer sur le marché, l'opérateur les accusant d'avoir tardé à se lancer dans les investissements nécessaires pour la fibre, alors qu'ils n'hésitent pas à réaliser des acquisitions à plusieurs milliards d'euros sur d'autres marchés, comme le soulignait le PDG d'Orange Stéphane Richard au journal La Tribune il y a quelques mois.

Il reste que les "couinements" (expression de Stéphane Richard) des concurrents sont bel et bien parvenus aux oreilles du régulateur...

Source : Les Echos