Pour les smartphones commercialisés en Europe, la limite d'exposition aux ondes électromagnétiques des téléphones portables est de 2 Watts / Kg et cette valeur conduit parfois à faire retirer des appareils mobiles émettant au-delà. Elle permet d'éviter l'effet thermique des ondes sur les tissus, seul actuellement reconnu et attribué aux rayonnements électromagnétiques tels que ceux émis par les téléphones portables.

Avec la limite imposée par la réglementation, l'échauffement thermique est suffisamment faible pour pouvoir être régulé par l'organisme et ne pas avoir de conséquence sur le fonctionnement habituel des mécanismes biologiques.

Les mesures du DAS (débit d'aborption spécifique) se font selon un protocole codifié au niveau de la tête et du tronc. Mais les usages ont évolué et les téléphones portables font de plus en plus partie de la vie quotidienne des utilisateurs et, à ce titre, sont placés très près du corps pendant des intervalles de temps étendus.

DAS

L'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) s'est intéressée à ces nouveaux cas d'usage, alors que des tests ont démontré que des téléphones placés à moins de 5 mm de distance du corps pouvaient voir leur DAS dépasser largement la limite des 2 W/Kg pour aller jusqu'à 7 W/Kg.

L'agence a fait une synthèse des études portant sur la recherche d'effets biologiques potentiels non thermiques et qui pourraient apparaître pour des niveaux d'exposition plus faibles, et donc en-dessous de la limite des 2 W/Kg.

Autrement dit, les radiofréquences émises continuellement par les téléphones peuvent-elles engendrer des perturbations des mécanismes biologiques en-dessous de l'effet thermique ?

DAS mobile radiofrequences

Cette question revient régulièrement au fil des générations de réseaux mobiles mais ces effets biologiques éventuels et leurs conséquences (s'exprimant peut-être au bout de dizaines d'années d'exposition ambiante) restent difficiles à démontrer (variation de l'EEG, augmentation de la perméabilité de certaines membranes cellulaires), malgré un certain nombre d'indices mis en évidence ici ou là dans les études, sans pouvoir créer de corrélations franches (c'est du moins la position des grands organismes sanitaires).

Sachant que ces études ont été réalisées sur animaux et cultures de cellules mais pas directement sur l'homme, l'évaluation des données a donc été adaptée en conséquence.

Et pour l'Anses, il existe, "avec des éléments de preuve limités, des effets biologiques sur l'activité cérébrale, liés à des expositions supérieures à 2 W/Kg, mais [les résultats de l'évaluation] ne permettent pas de conclure à l'existence ou non d'effets sur d'autres fonctions biologiques spécifiquement associées à de telles expositions au niveau du tronc".

L'Anses note tout de même que les tests de mesure du DAS sont menés dans des situations dites de "pire cas" dans lesquelles les appareils mobiles émettent en permanence à pleine puissance, ce qui n'est pas forcément représentatif de situations réelles, où la puissance est beaucoup plus fluctuante et n'atteint des pointes que ponctuellement.

Malgré tout, les "incertitudes qui subsistent sur les éventuels effets sanitaires à long terme en lien avec les ondes émises par les téléphones" conduisent l'agence à recommander le maintien d'une surveillance stricte du DAS passant par le rappel des smartphones émettant trop d'ondes et des corrections logicielles et à appeler à une modification des protocoles pour inclure des mesures du DAS tronc au contact du corps.

Elle enjoint également " les utilisateurs de ces téléphones, lorsqu'ils sont placés près du corps, à se conformer aux modalités d'utilisation, notamment les distances d'éloignement mentionnées dans les notices des téléphones".

Source : Anses