En voulant ménager la chèvre et le chou et en ne prenant pas de position franche, le gouvernement français mécontente un peu tout le monde. D'un côté, les opérateurs qui ne savent pas s'ils peuvent ou non faire appel à l'équipementier chinois Huawei, de l'autre, les autorités chinoises qui voient bien que la bonne volonté affichée est surtout de façade.

L'ambassade de Chine en France a publié un message pointant les contradictions du discours officiel sur le fait que le gouvernement français affirme ne pas vouloir prendre de mesures discriminatoires quand, dans les faits, se préparent "des mesures restrictives contre Huawei dans le déploiement de la 5G en France. Parmi elles : l'interdiction aux équipements 5G de Huawei d'être utilisés dans des dizaines de grandes villes françaises et l'imposition à Huawei d'une durée de validité de l'autorisation nettement plus courte qu'aux équipementiers européens comme Nokia et Ericsson".

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Le président de l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) avait en effet souligné que le système d'autorisation préalable des équipements télécom imposé par la loi "anti-Huawei" pouvait conduire à une exclusion de certains équipementiers sous trois ans, laissant le temps aux opérateurs qui y font appel de trouver des alternatives pour les remplacer.

Réaffirmant l'absence de danger des équipements Huawei, l'ambassade chinoise regrette l'absence de "critères transparents" et le traitement différent entre les  entreprises chinoises et européennes, considéré comme un "protectionnisme déguisé".

Elle met en avant le fait que la Chine a accordé un traitement équitable à Nokia et Ericsson, leur permettant de s'inviter dans les coeurs de réseau chinois, et lance des menaces à peine voilées : "nous ne souhaitons pas voir le développement des entreprises européennes dans le marché chinois affecté à cause de la discrimination et du protectionnisme de la France et d'autres pays européens à l'égard de Huawei".

La France est donc invitée à montrer de la bonne volonté sur ce sujet, à l'heure où l'Europe a ouvert l'accès aux réseaux 5G européens mais sous conditions et en fournissant aux Etats membres une boîte à outils de mesures de protection et de contrôle.

Source : La Tribune