Après avoir su faire de la 2G / GSM une technologie mobile dominante et avoir été bien placée sur les déploiements 3G, l'Europe a pris du retard sur la 4G, laissant d'autres marchés en Amérique du Nord et en Asie prendre le leadership.

5G europe  Cette situation a révélé les fragilités d'un marché télécom européen hétérogène avec sa centaine d'opérateurs à coordonner mais elle sert aussi de prise de conscience sur les dangers de rester en arrière du mouvement.

Aussi, pour la 5G attendue au début de la prochaine décennie, la Commission européenne a plusieurs fois affiché sa volonté de compter dans les travaux préliminaires qui doivent poser les bases des technologies à utiliser, avec en filigrane la possibilité de générer d'importants droits de licence sur les brevets exploités dans les futurs standards de la 5G.

L'enjeu est également économique puisque l'apport du très haut débit sans fil est un puissant catalyseur pour l'économie et permet de greffer une multitude d'activités, actuelles et nouvelles, et que l'Europe ne peut se permettre de laisser passer.

Les discussions du sommet de l'Idate de Montpellier, qui vient de se terminer, ont donc été très orientées vers ce sujet et vers les défis à surmonter. Car la Chine s'est réveillée et après avoir pris son temps pour installer sa 3G, elle n'est plus que légèrement en retard sur la 4G par rapport à l'Europe et sera dans les starting-blocks pour la 5G.

Avec un équipementier chinois Huawei prêt à lancer les premiers tests 5G dès 2018 à l'occasion de la Coupe du Monde de football, les acteurs européens attendent un vrai programme de coordination et de stratégie d'investissement pour faire de l'Europe un leader dans la 5G.

"Aujourd'hui, la question est de savoir si l'Europe peut s'imposer face à une Asie de plus en plus agressive", a fait remarquer Michel Combes, PDG d'Alcatel-Lucent. La question de l'intensité de la régulation est au coeur des débats.

Cela fait des années que les grands opérateurs télécoms européens fustigent la trop grande rigidité du marché télécom voulue par Bruxelles. La situation est aggravée par l'appétit des grandes multinationales du Net qui finissent par peser lourd et profiter d'une liberté d'action (faute de régulation) que n'ont pas les opérateurs européens.

Ce qui fait dire à Pierre Louette, secrétaire général d'Orange, dont les propos sont rapportés par le journal Les Echos : "au niveau national comme européen, les autorités doivent prendre conscience que les télécoms font partie d'un écosystème numérique plus vaste. La réglementation doit pendre en compte ces évolutions".

Source : Les Echos