Ne vous laissez pas tromper par les titres erronés de nombreux médias : BlackBerry est encore loin d'avoir été rachetée. Il ne s'agit pour le moment que d'un accord entre le fabricant et son actionnaire Fairfax Financial Holdings en vue d'un possible rachat pour 4,7 milliards de dollars.

Autrement dit, le rachat n'est pas finalisé et même pas encore mis en forme. L'échéance du 4 novembre, qui servira essentiellement à déterminer si l'on décide d'aller plus avant dans cette voie, laisse six semaines pour des repreneurs alternatifs pour se manifester.

La structure très peu liante de l'accord annoncé presque au lendemain de la publication de résultats financiers préliminaires catastrophiques ne manque pas d'attirer l'attention des observateurs. Certes, la lettre d'intention signée inclut une pénalité allant jusqu'à 150 millions de dollars si BlackBerry se tourne vers un autre acheteur, mais elle donne surtout un montant de référence pour la transaction qui peut permettre à des enchérisseurs de se positionner.

Qu'est-ce qui motive Fairfax à vouloir racheter BlackBerry, en pleine déconfiture ? Son gestionnaire Prem Watsa affirmait en début d'année que le fabricant disposait de nombreux atouts pour rebondir, entre son savoir-faire hardware et logiciel, sa base d'utilisateurs (plus de 70 millions de clients), ses plates-formes sécurisées, ses liens avec des centaines d'opérateurs mobiles ou son succès auprès des agences gouvernementales.

Il reconnaissait cependant qu'il s'agit d'un pari à moyen terme, sur plus de cinq ans, alors que les perspectives à un ou deux ans ne sont pas bonnes. Mais certains y voient aussi une autre raison : plus terre à terre et plus directement liée à son statut d'actionnaire : Fairfax voudrait limiter la casse par rapport aux 10% environ de participation qu'il détient dans le fabricant avant que sa valeur ne soit totalement laminée. D'où la précipitation d'une telle annonce, très en amont de sa finalisation.

BlackBerry Z30   En faisant lui-même une première offre qui fixe un prix, le fonds espère peut-être surtout motiver d'autres acheteurs afin de surenchérir sur ce montant, sachant que plusieurs sociétés peuvent être potentiellement intéressées. Et il semblerait par ailleurs que le co-fondateur de BlackBerry, Mike Lazaridis, soit en train de tester la possibilité de monter une offre.

" Je sais que beaucoup de gens n'y croient pas, mais nous pensons que [BlackBerry] peut retrouver le succès. Nous estimons que dans un cadre de société privée, cette entreprise peut réussir, à l'abri de l'agitation des places de marché ", a cependant indiqué Prem Watsa, tout en confirmant que les dernières dépréciations vont devoir être finement analysées avant de décider de la nouvelle stratégie.

Il ne dit cependant rien du devenir de BlackBerry et d'une possible vente de certaines activités, alors que le groupe a déjà annoncé son intention de se recentrer sur le marché professionnel.