Martin Bouygues n'a pas mâché ses mots pour critiquer le modèle économique et les conditions qui vont entourer l'émergence d'un quatrième opérateur mobile en France depuis que le gouvernement a officiellement lancé un appel d'offres en ce sens.

Le coût de la quatrième licence 3G ( 240 millions pour un bloc de 5 MHz, soit  environ un tiers du prix pour un tiers des fréquences ) reste sans surprise un sujet de mécontentement pour le troisième opérateur mobile français.

Martin Bouygues n'exclut pas de déposer, à l'instar d' Orange, un recours auprès de la Commission européenne pour obtenir un remboursement en conséquence. Car " quand on passe de 600 millions à 240, il doit être aussi normal qu'on nous rembourse ", a-t-il indiqué lors de la conférence de presse.


Bouygues : un 4e opérateur, est-ce vraiment raisonnable ?

Mais au-delà de cette querelle, connue depuis les débats concernant l'accès d'un nouvel entrant à la quatrième licence 3G, ce sont aussi les perspectives de développement d'un nouvel opérateur qui sont pointées du doigt.

La multiplication des affaires de retrait ou d'installations refusées d'antennes-relais va poser un vrai problème pour le déploiement du réseau du quatrième opérateur, alors même que les opérateurs historiques ont de plus en plus de difficultés à assurer l'extension de leur couverture réseau imposée dans le cadre de leur licence.

D'où son interrogation : " je ne vois pas en quoi le gouvernement peut vendre une licence pour déployer un réseau alors même qu'on sait pertinemment que le déploiement est impossible ", martèle-t-il, avant d'enfoncer le clou : " en droit privé, vendre un bien ou un service impropre à son usage est un délit. "


Des problèmes insolubles ?
D'autant plus que Martin Bouygues n'est pas très convaincu par les solutions alternatives proposées par le gouvernement, et notamment par la mutualisation des installations. Il estime que cela n'est possible que dans le cas où les opérateurs sont propriétaires des sites. Or, les chiffres avancés soulignent que c'est à peu près l'exception : les trois opérateurs seraient locataires des sites en zone urbaine dans 96 à 97% des cas et dans les zones non-urbaines à 50%.

Cela suggère qu'il faudra renégocier les baux avec les propriétaires dans de nombreux cas, sans garantie de réussite, ce qui s'avère par avance " irréalisable ". Autant dire que, de son point de vue, les perspectives sont désespérées avant même que le nom du nouvel entrant soit connu.

De son côté, le groupe IIiad ( Free ) a réitéré sa volonté de devenir ce quatrième opérateur mobile et  dit avoir les ressources de bâtir un réseau de téléphonie mobile. La guerre de positions se poursuit sans faiblir.

Source : AFP