Tout en étant le plus gros vendeur de smartphones au monde grâce à sa plate-forme Symbian, le finlandais Nokia a laissé d'autres fabricants occuper le segment le plus rentable de ce marché, constitué du haut de gamme.

Malgré ses efforts pour rénover Symbian et une stratégie misant sur MeeGo pour son haut de gamme, Nokia a bien du mal à convaincre de la pérennité de sa stratégie mobile à long terme. Son nouveau CEO, Stephen Elop, en a fait le constat et propose une autre option stratégique : s'allier à Microsoft autour de Windows Phone.

Alliance délicate qui met fin à un long cavalier de Nokia tandis que Windows Phone est encore loin d'avoir fait ses preuves ( mais n'a que quelques mois d'existence commerciale )...et qui relègue Symbian à un rôle secondaire, après les nombreux efforts pour rendre la plate-forme plus attirante.

Malgré les potentialités d'un rapprochement entre deux poids lourds qui possèdent chacun des atouts dans leur domaine ( conception hardware pour Nokia, savoir-faire logiciel pour Microsoft ), transformer ces deux univers en un écosystème unifié capable de rivaliser avec Android ne sera pas une mince affaire.

Nokia Microsoft


Tout à (re)prouver

Et les investisseurs en sont conscients : l'annonce du rapprochement entre Microsoft et Nokia, loin de rassurer, a fait chuter le cours en Bourse de ce dernier de 8% ( alors qu'il est déjà très bas ). Certains regrettent ouvertement que Nokia n'ait pas choisi Android, dont les perspectives semblent bien meilleures mais le Finlandais s'en est toujours soigneusement tenu à l'écart.

Et au-delà de l'effet d'annonce, comment les deux groupes vont-ils s'organiser ? Nokia se garde bien de fournir des prévisions de résultats pour 2011 et prévient déjà que 2011 et 2012 seront des années de transition. Or Nokia a déjà perdu beaucoup de temps à travailler sur Symbian^3 et son environnement, les premiers résultats n'apparaissant pour les consommateurs qu'en septembre 2010, avec l'arrivée des Nokia N8, C6, C7 et E7.

Certes, Symbian et MeeGo ne sont pas abandonnés mais les réorganisations nécessaires pour faire entrer Windows Phone chez Nokia seront coûteuses...et destructrices d'emplois. Stephen Elop ne s'est pas étendu sur le sujet, sinon que des postes en R&D pourraient être visés, et s'attire déjà les critiques de plusieurs ministres finlandais.

Face à ces incertitudes, il faut maintenant convaincre que cette alliance presque forcée permettra d'inverser la tendance et de se poser en alternative crédible au couple Android / Google. Dans ce scénario, il y a tout de même un point positif : les opérateurs mobiles ne devraient pas rechigner à collaborer avec Nokia.