Larry Ellison, patron d' Oracle, l'éditeur de bases de données qui a annoncé son intention de racheter la société Sun Microsystems pour 7,4 milliards de dollars au nez et à la barbe d' IBM en avril dernier, ne cache plus son impatience d'obtenir le feu vert des autorités antimonopole européennes, après avoir obtenu celui du régulateur américain.

Comme aux Etats-Unis, l' Europe a voulu obtenir des détails complémentaires sur certains aspects de la transaction, retardant d'autant la finalisation de l'opération et ne permettant toujours pas de commencer le rapprochement.

Selon le CEO d' Oracle, ces tergiversations coûtent cher à Sun Microsystems : 100 millions de dollars par mois. " Plus ça prendra de temps, plus Sun va perdre d'argent, et ce n'est bon pour personne ", a-t-il indiqué.

Si aux Etats-Unis, on s'inquiétait de la prise de contrôle par Oracle de la technologie Java, en Europe, c'est la pérennité de la base de données open source MySQL qui fait l'objet d'une enquête. Or, Oracle est lui-même éditeur de la base propriétaire Oracle, et l'Union européenne veut s'assurer que MySQL, très utilisée dans le monde, n'est pas condamnée à court terme.


Une décision attendue pour un nouveau positionnement stratégique

Malgré les obstacles, Larry Ellison se dit confiant dans la décision du régulateur européen, qui devrait arriver à la même conclusion positive que son homologue américain. L'empressement du président d' Oracle s'explique aussi par le fait que les observateurs commencent à s'inquiéter de l'absence de vision stratégique apportée par ce rapprochement, les détails sur les ambitions d' Oracle restant très flous.

Tout au plus apparaît-il qu'Oracle souhaite désormais proposer non pas des composants logiciels aux entreprises mais bien des solutions " end-to-end ", qui pourraient aller du logiciel au matériel. Larry Ellison a ainsi écarté l'idée de la vente de la division Serveurs de Sun Microsystems. Au contraire, il compte s'appuyer dessus pour formuler des offres globales.

En attendant, les retards accumulés pour finaliser la transaction servent à la concurrence qui multiplie les gestes commerciaux pour capter les clients de Sun en matière de serveurs, avec des offres de reprise de parc dans des proportions largement supérieures aux conditions habituelles.