En février dernier, lors du salon MWC 2010 de Barcelone, une grosse vingtaine d'opérateurs mobiles du monde entier se réunissaient pour constituer la WAC ( Wholesale Applications Community ), une initiative destinée à reprendre le contrôle par rapport aux portails de téléchargement d'applications en créant une structure commune, pour l'offre et les systèmes de paiement, que les opérateurs pourront ensuite personnaliser.

Actuellement, chacun y va de son initiative personnelle, avec des résultats mitigés et un risque de confusion chez les consommateurs qui pourrait finir par freiner les stratégies des opérateurs dans ce domaine.

Réponse directe aux succès insolents de l' App Store d' Apple et de l' Android Market de Google, sur fond de crainte de se voir dépossédés de précieux revenus et de ne plus être considérés que comme des gestionnaires des tuyaux, les opérateurs ont ainsi affiché leur volonté de s'unir autour d'un projet commun.

Cette idée a d'ailleurs aiguisé les appétits de fournisseurs de plates-formes mobiles comme la LiMo Foundation qui a rappelé que sa plate-forme LiMo, conçue pour être facilement personnalisable par les opérateurs, était particulièrement bien adaptée pour servir de support à ces nouveaux portails opérateurs.


Création d'une société, rapprochement avec le JIL
Pour aller plus loin dans la création d'une structure commune de portail, la WAC vient d'annoncer la constitution d'une société dont les statuts faciliteront l'avancée rapide du projet.

D'autre part, le groupement d'opérateurs annonce son rapprochement avec le JIL ( Joint Innovation Lab ), co-entreprise fondée en 2008 entre China Mobile, Softbank, Verizon Wireless et Vodafone et visant à développer de nouvelles technologies et services mobiles, pour accélérer le lancement des premiers portails répondant aux critères de la WAC.

Peters Suh, qui a été un temps à la tête du JIL, va prendre les commandes de la WAC transformée en société. Il en a expliqué l'esprit :

" notre rôle est de créer un écosystème de vente d'applications qui va créer une route direct vers le marché pour les développeurs qui pourront proposer leurs dernières créations à la plus large base possible de consommateurs dans le monde entier. Nous voulons faire de la WAC le meilleur choix pour les marques et les développeurs dans l'univers mobile, ce qui offrira un plus large choix et de la valeur pour l'utilisateur final, à savoir le consommateur. "

Le modèle de la WAC est de permettre aux opérateurs de distribuer des applications sur des portails portant leurs couleurs et avec un paiement reporté sur la facture mobile de l'utilisateur. Les développeurs, qui fixeront le prix de leurs applications, recevront un pourcentage sur les ventes, dont la valeur sera négociée au cas par cas avec les opérateurs.

Une première spécification sera publiée d'ici le mois de novembre 2010, ainsi qu'un kit de développement pour les développeurs. Elle offrira une rétrocompatibilité avec les critères du JIL et du BONDI, autre groupe industriel qui a fusionné avec la WAC début juillet.

On le constate, les grandes manoeuvres ont commencé chez les opérateurs en vue de ne pas laisser passer la manne des revenus issus des ventes d'applications mobiles, dont les analystes estiment qu'elle va peser lourd dans les prochaines années avant de connaître un léger reflux du fait de la pré-installation des principales applications mobiles directement dans les terminaux commercialisés ou de leur disponibilité sous forme d'applications Web.